Intolérance au gluten : la présence de céréales ou de blé dans les cosmétiques pose-t-elle problème ?
Selon les chiffres du gouvernement datant de 2020 : les produits estampillés sans gluten connaissent une croissance de 20% depuis 2015. En 2020, on comptait alors déjà 12 millions de consommateurs réguliers, ce qui équivaut à environ 18% de la population ! Cet engouement n’est pas passé inaperçu pour les marques de cosmétiques. Au Royaume-Uni, déjà en 2014 la mention “sans gluten” avait connu un essor de 22%, mais cet argument est-il justifié en cosmétique ? Les allergies alimentaires peuvent-elles aussi être responsables d’allergies cutanées ? Quels risques pour une personne atteinte de la maladie coeliaque ? Après avoir lu des dizaines de rapports et des interviews d’experts sur le sujet : j’ai de quoi vous donner du grain à moudre ! C’est parti !
État des lieux des personnes touchées par le gluten
Qu’est-ce que le gluten ?
Il existe trois types d’allergie liées au gluten ou aux céréales mais avant cela, savez-vous ce qu’est le gluten ?
Le gluten est un ensemble de protéines naturellement présentes dans certaines céréales, principalement le blé, le seigle, l’orge et leurs dérivés. Il est constitué de deux types principaux de protéines :
Les Gliadines : responsables de l’élasticité et de la viscosité des pâtes.
Les Gluténines : apportent la structure et la fermeté.
Ces protéines, lorsqu’elles sont hydratées, forment du gluten capable de créer une pâte élastique : de quoi donner cette texture si moelleuse au pain. D’ailleurs, certaines boulangeries ajoutent du gluten pure aux pains ! Fun fact ô combien important : sans hydratation de ces protéines : pas de gluten ! Le gluten à proprement parler n’existe pas à l’état naturel : vous ne risquez donc aucune allergie au gluten tant que la farine de blé ne rencontre pas l’eau !
Les différentes personnes touchées par le gluten ou le blé
Il existe 3 types de réactions face au gluten ou aux protéines de blé :
La maladie coeliaque
C’est une maladie chronique où la consommation de gluten provoque une réaction auto-immune dans l’intestin grêle, entraînant une inflammation et des lésions. Si elle n’est pas bien prise en charge, l’intestin ne sera alors plus capable d’absorber des nutriments essentiels comme les minéraux ou des vitamines. Au quotidien, des maux digestifs très incommodants sont à l’œuvre dès que la personne est au contact avec le gluten. Entre les maux du quotidien et les carences possibles, la fatigue guette souvent ces malades. On estime qu’ 1% de la population française serait atteinte de cette maladie (soit environ 680 000 personnes). Le plus gros du problème ? Seulement 10 à 20% d’entre elles ont été correctement diagnostiquées… Il y a donc entre 544 000 et 612 000 personnes qui ne savent PAS qu’elles sont atteintes de cette maladie 😢.
Les hypersensibles au gluten
Ces personnes présentent alors des ballonnements, de la fatigue, des troubles digestifs, à l’exception cette fois-ci que la paroi intestinale n’est pas lésée comme dans la maladie coeliaque. Les études ne sont pas aussi précises que pour la maladie coeliaque, on dénombre donc entre 0,5 et 15% de la population (oui ce n’est plus une fourchette à ce stade, mais une fourche 😅). Pour ces personnes, des études ont été menées pour étudier 75 variétés de blé différentes : les variétés industrielles étaient corrélées à une digestion plus difficile que le pain artisanal fermenté longuement au levain naturel. Une autre étude accuse quant à elle les Fodmaps et plus précisément les fructanes. Les résultats ont montré que les fructanes étaient plus susceptibles de provoquer des symptômes que le gluten. Comme on retrouve de grandes quantités de fructanes dans les céréales et produits transformés, l’éviction du gluten aide donc ces patients. C’est donc une affaire à suivre ! Il n’empêche que si vous avez de l’entourage concerné par cette hypersensibilité au gluten : pas la peine de les prendre pour des rats de laboratoire en leur faisant de mauvaises blagues. Ce n’est pas parce qu’on ne connaît pas précisément encore le coupable que les maux ne sont pas réels, en attendant il faut donc faire tout ce qu’on peut pour rendre leur vie moins difficile à digérer ! Si le sans gluten aide : il faut manger sans gluten !
L’allergie cutanée au blé
Ce troisième groupe concerne uniquement les personnes qui possèdent une allergie cutanée au blé. On dénombre alors 0,2% de la population qui développe une allergie de contact au blé (plus particulièrement ses protéines). Pour mettre tout cela en perspective, les allergies aux parfums représentent quant à elles entre 1,7 à 4,1% de la population générale. Les allergies à la bétaïne, un tensioactif très utilisé dans les produits d’hygiène (même bio) représentent quant à elles 6% de la population. Et c’est là qu’il est intéressant de se pencher sur le sujet : une allergie alimentaire donne-t-elle une allergie cutanée au même ingrédient ?
Savoir faire la différence entre une sensibilité, intolérance ou allergie alimentaire au gluten et une allergie cutanée au blé
Eh oui, c’est là que ça devient intéressant : ce n’est pas parce que vous avez une intolérance alimentaire au gluten que votre peau va réagir au contact de différentes céréales. Un exemple : une personne allergique à la fraise qui ne peut pas en manger, ne développera pas d’allergie cutanée au contact d’une fraise. Ce sont deux types d’allergies différentes, deux modes de fonctionnement différents !
En revanche, ce qu’on sait sur les allergies cutanées au blé : elles représentent donc 0,2% de la population (ce qui est plutôt rare). Vous pouvez très bien avoir une allergie alimentaire au gluten, sans avoir une allergie cutanée au blé tout comme l’inverse, tout comme l’un mais pas l’autre etc. Vous avez compris l’idée 😅.
Mais la grande question est : est-ce que si je suis allergique ou intolérant alimentaire au gluten, je dois m’inquiéter de la proportion de gluten qui peut éventuellement entrer par la peau et me causer des maux de ventre ?
Des cosmétiques contenant du gluten peuvent-ils rentrer par la peau ?
Le gluten peut-il rentrer par la peau ?
En contact direct, les céréales présentent dans vos produits possèdent des molécules bien trop grandes pour pouvoir être totalement absorbées par la peau, voyager dans votre corps et finir dans vos intestins. En revanche, on peut se demander si un rouge à lèvres, un dentifrice ou encore un simple baume à lèvres ne pourrait pas poser problème en étant simplement ingéré…
Dentifrice, baumes à lèvres et rouges à lèvres contenant du gluten : y a-t-il un risque si je l’ingère ?
Une étude menée en 2018 sur 66 produits dont 37 dentifrices et 10 baumes à lèvres contenant des céréales ou ses dérivés a montré que 94% de ces cosmétiques peuvent être considérés comme “sans gluten” selon la réglementation européenne.
Que dit la réglementation ? Un produit peut être étiqueté “sans gluten” dès lors qu’il contient moins de 20mg de gluten par kg (on dit aussi 20 ppm). Dans cette étude, le produit contenant le plus de gluten contenait 35mg de gluten pour 1kg de produit.
D’ailleurs, à combien doit se limiter un malade coeliaque ? Selon une étude de 2007 menée en double aveugle, la quantité de gluten devrait être maintenue à moins de 50mg/jour. Attention, il s’agit là d’une moyenne, elle peut donc varier selon les individus.
Et si on faisait les calculs ? Un rouge à lèvres de 4g qui serait à 35ppm (donc 35mg pour un kilo de rouges à lèvres) de gluten contiendrait au total 0,14 mg de gluten par rouge à lèvres. Au total ! Et on sait bien qu’il est impossible de terminer un rouge à lèvres en une journée à une seule personne 😅. Personnellement, je n’arrive jamais à terminer un rouge à lèvres avant sa date de péremption (oui il y a une date de péremption sur tous les cosmétiques et c’est mieux de la respecter).
À ce stade : tout l’engouement des cosmétiques “sans gluten” semble bien vain non ? Pour les personnes atteintes de maladies coeliaques, mieux vaut tout de même, dans le doute, éviter les céréales pouvant contenir du gluten dans les rouges à lèvres, dentifrices et bain de bouche. D’autant qu’il n’est pas obligatoire d’avoir des céréales dans ces produits.
Pour tous les autres cosmétiques et pour toutes les personnes non atteintes de maladie coeliaque, l’engouement du “sans gluten” dans les cosmétiques semble, après la lecture de toutes ces études, plutôt d’ordre marketing mais je vous laisse vous faire votre propre avis 😉.
Que faire en cas d’allergie à un cosmétique contenant du blé ?
Avez-vous développé une allergie après avoir appliqué un cosmétique contenant du blé ? Il y a plusieurs options :
- peut-être que vous faites partie des 0,2% de la population qui sont allergiques aux protéines de blé : mieux vaut consulter pour en avoir le cœur net !
- peut-être qu’un autre ingrédient de la formule est responsable puisque comme je le disais jusqu’à 4,1% des personnes font des allergies aux parfums et 6% à la bétaïne. Ne faites pas de conclusions hâtives : le mieux pour en avoir le cœur net est d’aller voir un allergologue ! En revanche, il sera bien embêté à la lecture de votre étiquette de cosmétique, il peut y avoir plus de 2000 substances qui ont pu être utilisées pour créer le parfum présent dans votre cosmétique, et par pur secret artistique la liste d’ingrédients contenant un parfum n’est jamais dévoilée… 😞. Raison pour laquelle il n’y a AUCUN parfum dans les cosmétiques moom : si on ne peut pas savoir, par mesure de précaution : on évite le parfum ou les arômes dans les cosmétiques.
Vous ne trouverez pas de parfum ou d’huiles essentielles, et ça, dans toute la gamme moom ! 😊
Que vous ayez une allergie ou tout simplement la peau sensible et réactive, nos cosmétiques ont été spécialement formulés pour prendre soin de votre peau tout en douceur 💕
- Il est toujours bon de vérifier si l’allergie provient vraiment de ce cosmétique. Avez-vous mis un nouveau vêtement sans le laver ? Avez-vous changé de gel douche ? Avez-vous touché un chat ? C’est plein de questions qui vous amèneront au diagnostic avec votre allergologue.
L’allégation “sans gluten” est-elle légale ?
Les allégations en cosmétique sont un grand sujet de la commission européenne. D’un côté, certains “sans” ou “non” sont tout à fait illégaux. L’allégation “non testé sur les animaux” est illégale par exemple car nous n’avons pas le droit de faire de la publicité sur une obligation légale. Tous les cosmétiques en Europe ne sont plus testés sur les animaux.
De l’autre, certains “sans” sont justifiés vis-à-vis des populations sensibles comme les femmes enceintes par exemple, qui ne doivent pas appliquer de cosmétiques avec des huiles essentielles. Le gluten rentrerait donc dans cette catégorie de “sans”. Et enfin, certains “sans” comme le “sans paraben”, “sans perturbateurs endocriniens” sont sans arrêt remis à l’ordre du jour car il pourrait présenter une forme de concurrence déloyale. Certaines allégations deviennent aux yeux de la loi interdites. L’allégation “sans perturbateurs endocriniens” qui n’est justifiée par aucun test en laboratoire est par exemple complètement illégale mais souvent présente sur les sites des cosmétiques. En 2019, sur les 1257 marques de cosmétiques contrôlées par la DGCCRF : 47% présentaient au moins une anomalie.
C’est d’ailleurs pour cette raison que le “sans perturbateurs endocriniens” sur les packagings moom est toujours accompagné de la mention du test OEDT que nous avons réalisé, autrement la mention “sans perturbateurs endocriniens” ne pourrait pas y être.
Prêt.e à passer au "sans perturbateurs endocriniens" ?
Nos cosmétiques sont les seuls produits sur le marché certifiés sans perturbateurs endocriniens grâce au test OEDT ✅
🌱 certifiés bio 👾 certifiés sans perturbateurs endocriniens
🧪 sans parfum 🍋 sans huiles essentielles
🤰🏻 compatibles grossesse & allaitement
L’allégation “sans gluten” est donc parfaitement légale du moment que le cosmétique contient moins de 20ppm de gluten. Comme on a pu le constater, il est très rare de rencontrer un cosmétique qui dépasse les 20ppm de gluten.
Doit-on éviter le blé dans les cosmétiques ?
Si vous n’avez aucune allergie cutanée à la protéines de blé, il n’y a aucune raison de l’éviter, ça sera valable d’ailleurs pour toutes les plantes. Ce n’est pas parce qu’une personne est allergique à une plante particulière qu’il faut éliminer cet ingrédient dans les routines de tout le monde. Ça ne serait plus très pratique pour formuler quoi que ce soit d’ailleurs 😅. Éloignez-vous donc des marques qui entretiennent ce business de la peur. On peut lire tout et son contraire. L’important, c’est de se faire son propre avis et de vérifier les sources. À l’écriture de cet article je suis tombée sur :
- “Utiliser des produits bio ou vegan est le meilleur moyen de trouver des cosmétiques sans gluten” : c’est FAUX. Le blé, le seigle, toutes les céréales sont vegan et peuvent être bio.
- “Si on a une peau sensible, il faut éviter le gluten” : c’est FAUX. Il n’y a que quand on est allergique à la protéines de blé qu’il faut éviter la protéine de blé dans les cosmétiques.
Les bienfaits du blé dans les cosmétiques
L’extrait de germe de blé peut être très présent dans les soins des cheveux et de la peau. Pourquoi ? Parce qu’il est très nourrissant, il soutient les peaux sèches et déshydratées, régénère et répare la peau endommagée. En bonus, il laisse un toucher velouté sur la peau et une sensation de douceur. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous l’avons intégré à notre huile de soin et notre crème hydratante et unifiante. C’est actuellement les seuls produits moom où vous trouverez du blé.
Un duo huile + crème qui réconforte les peaux sèches et lutte contre la déshydratation tout en apportant de l’éclat à la peau et de précieux nutriments ✨
Les cosmétiques moom sans blé, sans gluten
Vous avez la maladie coeliaque, vous êtes allergique à la protéine de blé ou souhaitez éviter le blé ou le gluten dans les cosmétiques par principe de précaution ? Voici nos produits sans blé :
Sources :
- Verbeke K (February 2018). « Nonceliac Gluten Sensitivity: What Is the Culprit? ». Gastroenterology.
- Shérine Khater, Christophe Cellier. Hypersensibilité au gluten non cœliaque. Hépato-Gastro & Oncologie Digestive. (Octobre 2018)
- Zuidmeer L, Goldhahn K, Rona RJ, Gislason D, Madsen C, Summers C, Sodergren E, Dahlstrom J, Lindner T, Sigurdardottir ST, McBride D, Keil T. The prevalence of plant food allergies: a systematic review. J Allergy Clin Immunol. 2008 May
- Allergy to cocamidopropyl betaine and amidoamine in North America, 2004 – ECHA plan d’action (CORAP 2019-2021)
- Toxicity of the amphoteric surfactant, cocamidopropyl betaine, to the marine macroalga, Ulva lactuca. | Vonlanthen, S., et al. 2011. Ecotoxicology. 20: 202-7. PMID: 21082243
- Occupational contact allergy to cocamidopropyl betaine and its impurities. | Suuronen, K., et al. 2012. Contact Dermatitis. 66: 286-92. PMID: 22364510
- Johansen, Jeanne D (2003). « Fragrance Contact Allergy ». American Journal of Clinical Dermatology. 4 (11): 789–798.
- HELDRETH B. & al. Safety Assessment of Hydrolyzed Wheat Protein and Hydrolyzed Wheat Gluten as Used in Cosmetics. International Journal of Toxicology (2018)
- Catassi C, Fabiani E, Iacono G, D’Agate C, Francavilla R, Biagi F, Volta U, Accomando S, Picarelli A, De Vitis I, Pianelli G, Gesuita R, Carle F, Mandolesi A, Bearzi I, Fasano A. A prospective, double-blind, placebo-controlled trial to establish a safe gluten threshold for patients with celiac disease. Am J Clin Nutr. 2007
Auteure : Yoko
Yoko défend l’écologie, le bio et la biodiversité depuis de nombreuses années. Fatiguée de décrypter des listes d’ingrédients, de voir que le marketing surpasse bien trop souvent la législation ou la sécurité du consommateur. Yoko est habitée par une volonté de fer de changer les choses en commençant par ce qu’elle sait faire de mieux : la cosmétique bio de demain.
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