Colorations et teintures cheveux toxiques : attention aux perturbateurs endocriniens
En France, une femme sur 2 a des cheveux colorés. Et pour cause : les teintures permettent de grands changements : couvrir les cheveux gris, changer de style, marquer un nouveau départ, renforcer l’estime de soi… Si elles font du bien à notre moral, à notre corps c’est une autre histoire. Une histoire qu’on va vous raconter ici. La bonne nouvelle : nous ne sommes pas obligées de renoncer aux teintures capillaires car des alternatives plus saines existent !
Teintures capillaires conventionnelles, quels risques ?
Coiffeur et coiffeuse, une profession à risque ?
Avant de parler de notre cas personnel, parlons brièvement de ces professionnel.le.s de l’extrême qui mettent en danger leur santé, leur fertilité, augmentent leur risque de cancer pour notre survie ? Non, non juste pour la beauté de nos cheveux. Ça peut sembler très alarmant comme ça, et on dirait vraiment que nous allons vous présenter le métier de pompier mais non. De grandes études scientifiques prouvent désormais que le métier de coiffeur/coiffeuse ou d’esthéticien/esthéticienne comporte de grands risques. Ils multiplient notamment par 5 le risque d’avoir un cancer du sein. Le cancer de la vessie est aussi plus présent dans ces professions. Mais ce n’est pas tout, un autre document publié en 2016 par l’ANSES, l’ANSM et l’INRS a démontré l’impact des cosmétiques chez les professionnel.les de la coiffure et de l’esthétique en démontrant que l’utilisation des colorations conventionnelles et autres produits utilisés dans les salons avaient des conséquences sur :
- la durée de conception : c’est à dire que les professionnels de ce secteur mettent globalement plus de temps à concevoir un enfant voire ont des soucis de fertilité
- les fausses couches (arrêt de grossesse) caractérisée par une hausse de la mortalité embryonnaire et foetale
- un faible poids pour le bébé à la naissance
Des données comparables aux effets de certains pesticides ou encore de la cigarette… Ces colorations nous exposent-elles à autant de risques ?
Coloration pour cheveux réalisées à la maison, plus sûres ?
Après avoir lu les informations plus haut, vous serez tenté d’aller dans n’importe quel magasin et de faire votre teinture vous-même à la maison. On vous le déconseille ! Selon une grande étude réalisée sur 46 709 femmes en 2019, le risque de cancer était plus élevé chez les femmes qui réalisaient leur teinture cheveux à la maison. Pourquoi ? Les chercheurs ont supposé un manque de contrôle sur certaines colorations conventionnelles vendues en magasin par rapport à celles destinées aux professionnels. Une autre supposition : l’application et le temps de pose sont plus précis et -spoiler alert- réalisés de façon plus professionnelle dans les salons. Votre cuir chevelu est donc moins exposé aux substances quand cela est fait par des professionnels.
Coloration chimiques et risque de cancer du sein
Moins d’exposition, c’est mieux mais ce n’est pas non plus la folie. Dans cette étude, on dénombre tout de même 9% de cancer du sein supplémentaire chez les femmes réalisant des colorations chimiques par rapport à celles qui n’en réalisent pas. On note aussi que l’étude a été réalisée uniquement sur une période de 8 ans. Un fait plutôt inquiétant qui indique que l’utilisation de ces produits augmentent les risques d’avoir un cancer du sein sur une période relativement courte…
Plus troublant (eh oui on en a toujours sous le coude), dans cette étude, les femmes utilisant en parallèle des produits de lissage et de défrisage en plus des colorations avaient quant à elles 30% de cancer du sein en plus par rapport à celles qui n’en utilisent pas.
Coloration chimique et risque de cancer de la peau
Ce qu’il faut savoir, c’est que les colorations chimiques augmentent les risques d’eczéma et de réactions allergiques parfois même des années plus tard. Plus grave encore, selon une autre étude réalisée en 2020 sur 117 200 femmes pendant 36 ans, les colorations augmentent le risque d’un cancer de la peau : le carcinome basocellulaire. L’utilisation des teintures chimiques était associée à un risque plus élevé de 5% sur ce type de cancer. Cette étude a aussi démontré une augmentation de risque de cancer du sein et de l’ovaire.
Mais alors quels sont les ingrédients qui posent le plus problème dans nos colorations ?
Coloration chimique: quels ingrédients sont dangereux ?
Les ingrédients problématiques des teintures
La question à un million. On aimerait beaucoup vous dire qu’il n’y en a que quelques-uns… Seulement les teintures pour cheveux conventionnelles comptent plus de 5000 substances chimiques (c’est dit sur le site santé.fr du gouvernement français lui-même !). En 2006, la Commission Européenne a interdit l’usage de 22 substances contenues dans les colorations pour je cite “augmenter la sécurité du consommateur” mais 22 c’est très insuffisant face à la liste COLOssale d’ingrédients problématiques. Pour vous en citer quelques uns…
- Le Résorcinol : Il est actuellement utilisé dans ¾ des colorations chimiques. Allergène, irritant, sa molécule serait très proche de celle de l’éther diglycidique qui est quant à lui interdit dans la réglementation européenne des cosmétiques… L’ANSES le considère comme perturbateur endocrinien. Il impacte les fonctions thyroïdiennes et serait aussi neurotoxique.
- Le 4-aminobiphényl-(ABP) : il est classé CMR depuis 2004 par l’INRS. Concrètement, cela veut dire qu’il est cancérigène, mutagène et reprotoxique. Il impacte donc le développement du foetus et est toxique pour notre fertilité
- Le sulfate de 2,4-diaminoanisole : cancérigène probable. En laboratoire, il possède les mêmes risques que…
- Le para-phénylènediamine (PPD) : cancérigène probable. Testé en laboratoire sur des rats, on sait qu’il déclenche des tumeurs mammaires. Il est interdit dans les produits de maquillage. On le retrouve beaucoup dans les colorations foncées et dans certains “hennés noir” (nous en reparlerons).
- Le p-aminophénol : qualifié comme mutagène (il pourrait causer des “défauts génétiques”) par l’ECHA chargée de l’enregistrement des substances chimiques
Et nous pourrions continuer des heures car il y a encore le o-aminophénol (vous l’aurez compris, tous les phénols posent problème) et le m-phénylènediamine qui sont tous deux CMR (cancérigène, mutagène, reprotoxique), mais aussi des éthers de glycol comme le butoxyéthanol toxique pour le foetus et cancérigène.
Le cas de la décoloration : l’eau oxygénée, quels dangers ?
Eh non ! L’eau oxygénée n’est pas sans risque. Aussi appelée peroxyde d’hydrogène (H2O2), on l’utilise souvent en milieux médicaux pour décontaminer, stériliser et désinfecter. Et pour cause : c’est un élément toxique, corrosif et hautement inflammable. C’est pour cette raison qu’on l’utilise comme un biocide pour stériliser et décontaminer. Autrefois, on utilisait aussi du formaldéhyde (dont les dangers ne sont plus à démontrer).
Fiche d’informations de l’eau oxygénée :
Elle est rédigée par l’OMS, l’OIT et la Commission Européenne et de celle de l’INRS (attention ça y va crescendo)
– La substance est facilement absorbée par l’organisme, par inhalation, ingestion, vapeur et par voie cutanée (par la peau).
-Une exposition de courte durée est corrosive pour les yeux, la peau, les poumons et peut causer une embolie gazeuse avec état de choc. Son ingestion peut créer un risque d’asphyxie ou encore des troubles digestifs, hépatiques et rénaux (pensez bien à éloigner ce produit de vos enfants !).
– Une exposition prolongée peut provoquer une inflammation chronique des voies respiratoires. Les poumons peuvent être affectés. Les cheveux peuvent se décolorer. (Oui oui, le risque pour les voies respiratoires est au même niveau que la décoloration).
– Cancérigène confirmé chez l’animal
– Risque pendant la grossesse. Génotoxique dans de nombreux tests in vitro, l’eau oxygénée crée des lésions de l’ADN et des anomalies chromosomiques chez plusieurs types de mammifères. Chez le rat, elle crée des anomalies du fœtus et des malformations ont été observées sur des poussins.
Bien sûr, comme toujours, des valeurs limites ont été définies. Et comme toujours, sans tenir compte de notre exposition répétée à ces substances… On retrouve entre 3 à 12% d’eau oxygénée dans les produits de décoloration alors que des cas d’irritations existent déjà à une teneur de 1,5%…
Autre risque notable : le risque d’inflammation. L’eau oxygénée dans un salon est toujours rincée à cause de son risque d’inflammation et pour limiter l’exposition. C’est rarement le cas quand on joue aux apprentis chimistes chez soi à la maison… Vous l’aurez compris : le mieux c’est de ne pas se décolorer les cheveux mais si vous souhaitez réellement le faire : mieux vaut le faire faire par des professionnels.
Les tensioactifs et autres conservateurs problématiques
À cette grande liste s’ajoute des parabènes mais aussi des sulfates, pour cela je vous invite à découvrir notre article
>>>>>>>> Shampoing : sulfate, betaïne, des tensioactifs à éviter ?
Pour toutes ces raisons, les colorations permanentes sont fortement déconseillées chez les femmes enceintes et les filles de moins de 16 ans.
D’ailleurs, selon les recommandation de l’ANSM, un coiffeur ou une coiffeuse ne devrait pas réaliser de teinture capillaire sur les personnes âgées de moins de 16 ans.
Alors, convaincue ? On fait comment maintenant, si on souhaite quand même changer de couleur ?
Vos cheveux ont subi plusieurs colorations chimiques et sont fragilisés ?
Découvrez notre routine destinée aux cheveux fragilisés. Nourrit et répare les cheveux. Lutte contre les fourches et stimule la pousse. Fortifie et embellit les cheveux.
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Colorations végétales : y a t il des précautions à prendre ?
Le greenwashing existe-t-il dans le milieu capillaire ?
Pas de répit pour le greenwashing ! Il exerce en maître dans le milieu capillaire. Et pour cause, les colorations commencent doucement à avoir mauvaise presse suite aux nombreuses alertes de UFC que choisir. Et il faut s’en méfier car ce n’est pas parce qu’une marque utilise des ingrédients végétaux que le reste de la liste d’ingrédients ne pose pas problème. C’est l’arbre qui cache la forêt comme on dit ! Voici comment se défaire des passes passes de l’industrie :
- Il existe de nombreux faux labels. Apprenez à déceler le vrai du faux. Voici les labels courant en cosmétiques biologiques :
- Si le produit n’est pas labellisé bio ou naturel (même label que celui ci-contre mais avec écrit COSMOS NATURAL) mieux vaut passer votre chemin.
- Méfiez-vous des salons qui proposent des teintures végétales qui éclaircissent vos cheveux. Qui dit éclaircissement dit produit chimique compromettant ou eau oxygénée ! Le naturel ne peut pas décolorer vos cheveux, seulement leur apporter des reflets et des couleurs plus foncées Rendez-vous plutôt en salon de coloration végétale et n’hésitez pas à leur demander avant votre arrivée s’il est possible d’avoir les cheveux plus clairs alors que vous avez une couleur foncée. Un bon moyen de tester votre salon 😈.
- Vous souhaitez acheter ? Recherchez des colorations à 100% naturelles. Pas seulement les actifs (car on peut dire actifs 100% naturels, c’est un piège !)
Coloration végétale, quelle différence ?
Contrairement à la coloration chimique, la coloration végétale ne va pas s’attaquer à la mélanine présente dans votre cheveu et qui est responsable de sa couleur naturelle. La couleur végétale ne va pas non plus ouvrir les écailles de votre cheveu pour y faire pénétrer la couleur (comme on peut le voir sur la photo au microscope d’un cheveu avec une teinture chimique). La teinture naturelle va juste venir gainer le cheveu et le colorer de l’extérieur ! Raison pour laquelle elle s’estompe plus vite également.
Niveau compo, ce qui colore votre cheveu dans les colorations naturelles, ce sont des végétaux ! On retrouve par exemple de l’henné (attention toutefois si vous souhaitez du noir, on y vient, on y vient), de l’indigo (Indigofera Tinctoria) et même du roucou qui ravive les colorations rouges ou rousses et que vous retrouverez d’ailleurs dans notre huile de soin Wangari. Parfait pour un petit bain d’huile de vos pointes de cheveux colorées !
Coloration végétale : laquelle choisir ?
Choisir sa coloration végétale
Il existe maintenant toute une palette de couleurs disponibles car la nature possède déjà plein de pigments très intéressants qui vont en plus renforcer vos cheveux ! Attention par contre si vous sortez d’une coloration chimique, vous pouvez opter pour un masque bio purifiant avant et je vous conseille de faire votre première coloration végétale dans un salon pour éviter les mauvaises surprises et avoir au passage quelques conseils. Passée l’étape de la transition, vous trouverez des colorations végétales labellisées en magasin bio, dans votre salon 100% végétal ou encore en ligne. Personnellement, je prends souvent une teinte en-dessous de la mienne pour espérer avoir quelques reflets donc faites attention si comme moi vous préférez ne pas foncer davantage vos cheveux et que vous êtes châtain. Les couleurs miel ou châtaigne pourraient vous convenir !
Le cas du henné
Comme je le disais plus haut, les hennés foncés peuvent contenir des PPD. C’est tout simplement parce que dans la nature : le henné noir n’existe pas. Ils peuvent alors être mélangés à des composants douteux ou encore à des sels de métaux pour leur permettre de trouver cette couleur noire. Si vous voyez sur le packaging la notion de “henné frelaté” mieux vaut fuir. De même “henné neutre” ou “henné noir” n’existe pas. La plante de henné ne peut que donner une couleur cuivrée/orangée. Il faut ensuite la mélanger à d’autres plantes, comme de l’indigo par exemple, pour obtenir une couleur marron/acajou.
C’est d’ailleurs la même chose avec les tatouages au henné : le tatouage doit être orangé au début et devient marron au bout de 24h, un tatouage au henné directement noir est mélangé à d’autres produits.
Marques de colorations 100% végétales
Concernant les marques, en labellisé vous trouverez pour les plus connues Couleur Gaïa, Khadis, Logona. Personnellement, j’aimerai beaucoup tester Tresse Paris qui promet même de couvrir les cheveux blancs ! Ou encore Greenleaf qui possède de très bons avis. À vous de trouver celle qui vous convient !
Niveau salon, le salon Bio’Coiff est plus que connu du côté de Paris, étant à Aix-en-Provence, je peux vous conseiller l’Atelier Végétal. Autrement, n’hésitez pas à rechercher sur Google “Coiffeur végétal” et n’hésitez pas à user de mon petit stratagème pour vous assurer qu’il s’agit réellement d’un salon végétal ☺️.
Prendre soin de sa coloration végétale
Et bien sûr, ne gâchez pas tout en utilisant des shampoings et produits capillaires aux ingrédients compromettants, car eux aussi possèdent de nombreux défauts !
Vous pouvez aussi acheter des poudres végétales comme la poudre de Shikakaï par exemple pour prendre soin de vos cheveux. Réalisez un masque capillaire de temps en temps (au moins une fois par mois) pour en prendre soin. Pourquoi pas en y mêlant de la poudre d’hibiscus. Rincez vos cheveux avec une eau froide pour refermer ses écailles et n’hésitez pas à réaliser un bain d’huile de temps en temps pour leur apporter souplesse et brillance !
Je ne peux évidemment que vous conseiller notre shampoing Lucy bio et certifié sans perturbateurs endocriniens. Nous y avons ajouté quelques plantes qui font du bien aux cheveux colorés. Parmi elles, on retrouve :
– l’acacia, qui va protéger le cheveu et donc préserver sa couleur.
– de l’extrait de fleur de colza qui en plus d’embellir les cheveux bouclés, apporte brillance aux cheveux
– de l’extrait de fleur d’hibiscus : un ingrédient de choix pour les colorations végétales, il permet de mieux faire tenir la couleur tout en garantissant son intensité.
Le tout avec un shampoing garanti sans sulfate et sans bétaïne qui sera très très doux pour vos cheveux.
Sources
- Picot et al., « Etat des connaissances sur les liens entre les troubles de la reproduction et l’exposition aux produits cosmétiques chez les professionnels de la coiffure et des soins de beauté. Approche épidémiologique et méta-analytique. », Rapport de recherche, 20 décembre 2016
- Eberle CE, Sandler DP, Taylor KW, White AJ. 2019. Hair dye and chemical straightener use and breast cancer risk in a large U.S. population of black and white women. Int J Cancer; doi: 10.1002/ijc.32738 [Online 4 December 2019].
- Commission bans 22 hair dye substances to increase consumer safety, Brussels, 20 July 2006, IP/06/1047
- Peroxyde d’hydrogène et solutions aqueuses – Edition : Janvier 2022, Base de données FICHES TOXICOLOGIQUES INRS
Recommandations de bon usage des colorations capillaires permanentes à l’attention des coiffeurs, Novembre 2010
Woman Writer : Yoko
Yoko défend l’écologie, le bio et la biodiversité depuis de nombreuses années. Fatiguée de décrypter des listes d’ingrédients pour ses proches, de voir que le marketing surpasse bien trop souvent la législation ou la sécurité de la future maman, Yoko est habitée par une volonté de fer de changer les choses en commençant par ce qu’elle sait faire de mieux : la cosmétique bio de demain.