Savon et shampoing solide : le véritable impact de la cosmétique solide
Les savons et shampoings solides sont sans nul doute économiques en packaging, compétitifs en prix, mais sont-ils mieux pour notre peau ? Qu’en est-il des organismes aquatiques, de l’impact sur notre santé ? Tous les savons solides se valent-ils ? Dans cet article, nous allons parler d’un sujet très peu abordé : les mythes et réalité qui se cachent vraiment derrière la cosmétique solide.
Autrefois fan de la cosmétique solide, j’ai commencé doucement à m’y intéresser quand mon mari faisait d’énormes réactions après chaque douche et quand mes cheveux sont petit à petit devenus indémêlables… Après un entretien avec le créateur de la saponification à froid, je suis alors tombée du piédestal du solide. Lui-même n’était plus très fan de son brevet. La soude disparaît-elle vraiment entièrement ? La quantité de saponine a-t-elle un impact sur notre santé et la santé aquatique ? Je ne vous spoile pas plus : rentrons dans le dur sujet de la cosmétique solide !
Les bienfaits écologiques du savon solide
La cosmétique solide est pauvre en emballage
Légalement, un cosmétique doit TOUJOURS avoir sa liste d’ingrédients, ses conseils d’application etc. Pour cette raison, vous retrouverez toujours une étiquette sur vos savons solides ou le moyen de télécharger la liste d’ingrédients (si vous fréquentez les magasins zéro déchets). En somme, à l’exception de ce petit papier : le savon solide se transporte tout seul et peut s’acheter tout nu (je parle de l’emballage attention 🥲 ) ! Et ça c’est un sérieux avantage pour la cosmétique solide. Il faut se l’avouer : un contenant en plastique nécessite entre 3 à 7 fois sa contenance en eau. C’est à dire que pour un contenant en plastique de 250mL il faut jusqu’à 1,75L d’eau… Et là on ne parle que de l’eau nécessaire à sa fabrication… Votre contenant en plastique utilise aussi du pétrole, du charbon, du gaz… qui ne sont clairement pas des ressources renouvelables et posent de sérieux problèmes à l’environnement… D’autant qu’on estime que le plastique est responsable de ⅓ de la pollution de notre environnement… ⅓ c’est beaucoup ! Et puis, ce contenant en plastique parcourt des kilomètres avant de rejoindre le lieu de production de votre cosmétique… Ce qui nous amène au second avantage du savon solide.
Les savons solides : une économie en transport
Les savons et shampoings solides ont donc un bon point : ils économisent le transport de contenant ! Mais il y a mieux : ils sont compacts et leur forme rectangulaire est parfaite pour optimiser l’espace de transport. Dans un carton, vous allez donc pouvoir mettre bien plus de savons et shampoings solides que ne ferait leur équivalent liquide. Et qui dit optimisation de place, dit besoin de moins de camions de transport, dit moins d’aller-retours. Vous économisez donc de l’essence et votre empreinte carbone est donc plus faible ! Mais alors c’est bon, le savon a tout bon ? Vous avez sûrement aussi entendu qu’il contenait moins d’eau, voire qu’il n’en contenait… pas du tout. Mythe ou réalité ? La cosmétique solide utilise-t-elle vraiment moins d’eau ?
Savons et shampoings solides, plus économiques ?
L’économie en eau du solide
“Zéro eau”, “vous transportez de l’eau”… si vous suivez des marques de cosmétiques solides, vous avez sûrement déjà entendu parler de cet argument. Et il est véritable car les ressources en eau se tarissent… mais il y a un petit problème de taille.
Je vais vous donner un exemple tout simple : votre jean ne contient pas d’eau, il est fait principalement de coton, seulement il faut au minimum 7000L d’eau pour faire un jean…
Pour sa fabrication, mais pas seulement : pour permettre au coton de pousser, de fleurir et d’être récolté. Vous voyez où je veux en venir ? S’il n’y a pas d’eau, il y a une plante qui a bien eu besoin d’eau pour pousser. C’est un peu l’eau invisible…
Et ce n’est pas que tout noir : une huile ou un hydrolat possède bien plus de bienfaits pour notre peau que l’eau. Mais ne soyons pas hypocrite : il faut bien plus d’eau pour faire pousser des plantes. L’argument “zéro eau” qui sous -entend qu’on économise les ressources en eau de la planète est -selon moi- très en dessous de la réalité…
La grande question qui suit est la question de la concentration : a-t-on besoin de moins de savon solide ou de shampoing solide que de leur homologue liquide ?
A-t-on besoin de plusieurs gels douche pour un savon solide ?
Si on ne devait parler que de prix, le savon solide est peu coûteux. Bien souvent pour quelques euros nous pouvons trouver un savon, même labellisé bio !
Niveau produit, un savon est aussi censé durer plus longtemps dans le temps. Et pour cause : il contient 6 à 7 fois plus de tensioactifs qu’un gel douche liquide ! Mieux vaut donc le diluer. D’autant que tout cela finit… dans nos stations d’épuration… On estime aussi qu’il faut bien plus d’eau pour rincer un savon solide qu’un savon liquide… Le problème, c’est que nous n’avons pas besoin de cette quantité astronomique de tensioactifs pour nous laver. Avec le solide, nous contaminons donc notre eau avec plus de tensioactifs que ce qu’il est nécessaire pour nous laver. Ce qui nous amène au point suivant. Là où le savon solide pose un réel problème : c’est sur sa quantité en tensioactif.
Tensioactifs des savons solides : un problème de mousse
Qu’est-ce qu’un tensioactif ?
Un tensioactif permet tout simplement de nettoyer et d’amener la mousse à votre produit lavant. Sans lui, pas de nettoyage possible. Il n’est donc pas à bannir de vos listes d’ingrédients, juste à utiliser avec parcimonie et choisir évidemment le meilleur tensioactif. Dans la famille des tensioactifs, on bannit donc l’utilisation de SLS, alias sulfates. Pour en savoir plus sur le sulfate, je vous invite à (re)lire l’article
>>>>>>> Shampoing : Sulfates, Bétaïnes : des tensioactifs à éviter ?
Concernant les cosmétiques solides, les savons contiennent un tensioactif anionique (le plus souvent). Dans le cas des savons solides labellisés bio ou naturels, on les retrouve le plus souvent grâce à un processus de saponification. Sans ce tensioactif : pas de savon, pas de solidité. Et c’est là qu’on met le doigt sur un point sensible du savon : sa quantité en tensioactif.
Le savon solide contient plus de tensioactifs
En moyenne, votre savon solide contient 75% de tensioactifs. Bien plus qu’il n’en faut pour nettoyer votre peau ou vos cheveux. En comparaison, un savon ou shampoing liquide en contient 15 à 20% maximum. Ce qui veut dire à la fois que votre shampoing ou gel douche liquide peut contenir 80% d’ingrédients aux propriétés hydratante, assouplissante etc. quand votre savon solide peut en contenir au grand maximum 25%…
Attention, ça ne veut pas dire que certains savons solides ne sont pas plus qualitatifs que certains gels douche. Juste que factuellement, si on prend le meilleur gel douche bio pour peau sensible qui puisse exister et le meilleur savon solide bio pour peau sensible qu’il puisse exister, le gel douche sera factuellement de meilleure qualité car on aura pu y ajouter plein d’ingrédients pour vous apaiser, protéger, hydrater… En parlant de peau sensible…
Savon solide : un problème de quantité en tensioactifs
Si on continue à étudier le problème de cette grande quantité de tensioactifs, on retombe à nouveau dans ce que j’expliquais dans mon article sur les Sulfates.
Le problème des tensioactifs, c’est qu’à petite dose ce sont nos meilleurs alliés pour se laver. Certains d’entre eux auraient même des propriétés hydratantes et cela, même à hauteur de 5% dans la formule comme les Glutamates qu’on retrouve dans les meilleurs gels douche et shampoings bio (hélas non solide). Pour les autres, même parmi des tensioactifs doux comme le Sodium cocoyl isethionate, ils deviennent irritants au-delà de 40%… et à 40% nous sommes loin des 75% de tensioactifs présents dans la formule d’un savon ou shampoing solide… Vous l’aurez donc compris : le savon solide n’est pas l’allié des peaux sensibles mais ce n’est pas la seule raison.
Savons et shampoings solides : mieux vaut avoir la peau solide
Savon solide : pas fait pour les peaux sensibles
Un cosmétique solide ne peut pas rejoindre le pH de votre peau. Sa formule solide ne permet tout simplement pas d’ajuster le pH. Aujourd’hui : en avril 2024 en tout cas, on ne sait pas faire. Quel problème ? Lors d’un changement brutal de pH, la peau va mettre un temps considérable à retrouver son équilibre. Pendant tout ce laps de temps, elle est alors plus vulnérable. Au fil du temps, elle peut devenir plus réactive, plus sensible et peu à peu votre peau peut perdre de sa vitalité. En somme : elle se fatigue à préserver sans cesse son manteau protecteur.
Shampoing solide, l’effet du pH sur les cheveux
Avec les cheveux : démêlons enfin le vrai du faux ! Si vous ne passez pas de solution au pH plus adapté sur vos cheveux après l’utilisation d’un shampoing solide (comme ils faisaient dans le temps) vos écailles de cheveux vont peu à peu s’ouvrir, s’affaiblir. Les résultats de l’utilisation de produits avec un pH basique (aka les shampoings solides) sur vos cheveux peuvent être catastrophiques : fourches, cheveux qui regraissent plus vite, cheveux abîmés, démêlage fastidieux…
Pour comparer l’ouverture des écailles des cheveux, voici 3 états au microscope des cheveux selon le taux d’ouverture des écailles :
Pour aller plus loin sur ce sujet : n’hésitez pas à demander conseil à votre coiffeur. Si le solide n’a pas réussi à faire sa grande entrée dans les salons de coiffure, il se pourrait bien que ce soit pour cette raison toute simple : le shampoing solide peut être un ami écologique mais un ennemi tragique pour vos coiffeurs et coiffeuses 😅.
Alors le solide ne serait-il fait que pour les écolos à la peau dure et aux cheveux bien accrochés ? Nous allons enfin parler de notre plus grande expertise : les perturbateurs endocriniens…
Perturbateurs endocriniens naturels dans les savons et shampoings solides
Perturbateurs endocriniens naturels, ça existe ?
Si vous ne le savez pas, un perturbateur endocrinien est une substance d’origine synthétique ou naturelle capable d’interférer avec le fonctionnement normal de notre système endocrinien. Le problème, c’est que le système endocrinien permet de créer nos hormones responsables du fonctionnement de notre organisme, de notre fertilité, notre croissance (eh oui tout ça !). Les perturbateurs endocriniens vont venir semer le trouble là dedans, engendrant des problèmes de fertilité, de malformations pendant la grossesse, ou des cancer… Pour aller plus loin sur cette vaste question, découvrez tous nos articles sur le sujet. Parmi les perturbateurs endocriniens naturels les plus connus, vous avez sans doute entendu parler du soja qui, en grande quantité, augmente les douleurs de règles par exemple. En réalité, la nature contient un bon paquet de perturbateurs endocriniens naturels. On retrouve l’huile de graine de lin par exemple, mais aussi le fenugrec (vanté dans certaines vidéos TikTok comme l’huile miracle pour faire grossir les seins 🙄…) , certaines poudres ayurvédiques comme la poudre de Reetha ET… les saponines qu’on retrouve en TRÈS grand nombre dans les savons et shampoings solides dû à leur méthode de saponification.
Savons et shampoings : des saponines perturbateurs endocriniens ?
C’est une histoire qu’on ne vous raconte pas souvent, mais si on remonte au tout tout tout début de notre idée de créer des cosmétiques sans perturbateurs endocriniens, nous voulions aussi avoir un impact écologique moindre. Le savon solide nous paraissait donc une évidence à l’époque, jusqu’à ce que nous rencontrions le chercheur qui a créé le test OEDT (qui garantit l’absence de perturbateurs endocriniens dans la formule) lui-même créateur de plusieurs brevets dont celui de la saponification à froid. Il nous a alors certifié que la cosmétique solide ne passera jamais le test sur les perturbateurs endocriniens. Tout simplement parce que son principal ingrédient : le tensioactif, avait une forte activité oestrogénique.
Votre savon ou shampoing saponifié à froid contient donc un ingrédient à forte activité oestrogénique qui est présent dans la formule à hauteur de 75%…
Un argument qui nous interloque un peu sur les sorties d’épurations de ces savons et shampoing solides… Ce tensioactif présent à hauteur de 75% n’aurait-il pas de lourdes conséquences sur la faune dû à toute cette activité oestrogénique ? Passe-t-il la barrière de la peau ?
Dans tous les cas, nous sommes dans une soupe oestrogénique absolument tous les jours de notre vie et notre meilleur conseil sera toujours d’éviter les perturbateurs endocriniens et notre combat sera toujours de vous proposer des produits sans perturbateurs endocriniens. Alors c’est quoi l’alternative ?
L’alternative aux savons et shampoings solides
La meilleure alternative n’existe pas
En réalité, il n’y a pas de solution miracle. Le principe est de savoir où est votre priorité : d’un point de vue écologique, le savon ou le shampoing solide paraissent être le meilleur choix avec quelques bémols car il contamine davantage nos eaux avec ses tensioactifs que ne le ferait un gel douche liquide bio…
La question du packaging est également omniprésente. Si vous optez pour un packaging en plastique, le plastique peut migrer vers la formule, vous obtenez là aussi une activité oestrogénique (et non naturelle cette fois-ci). D’un point de vue efficacité, pour des taches coriaces, la lessive, la vaisselle : un savon bio est vraiment une très bonne alternative aux produits ménagers : avec sa teneur en tensioactif, il décrasse tout !
D’un point de vue peau, vous l’aurez compris : si votre objectif est de rechercher la douceur, la protection : même un savon surgras ne pourra vous offrir la douceur d’un gel douche conçu avec 15% de Glutamates, hyper doux et aux ingrédients apaisants.
Et d’un point de vue santé : la meilleure formule selon nous est celle qui vous éloigne de toute activité oestrogénique…
Le choix de moom…
Quel packaging ?
Pour nos gel douche et shampoing, nous avons eu l’idée d’un contenant en plastique 100% recyclé et 100% recyclable à nos débuts, mais il n’a pas passé le test sur les perturbateurs endocriniens : le packaging interférait avec le contenu. Nous avons essayé avec la même formule mais cette fois-ci dans un packaging en verre et le test OEDT était définitif : il n’y avait aucune activité oestrogénique dans un contenant en verre.
Nous avons donc opté pour des packagings en verre et rêvons un jour de mettre en place un système de consigne pour réduire notre impact environnemental.
Quels tensioactifs, quels ingrédients ?
Concernant nos tensioactifs : nous avons choisi les tensioactifs les plus chers et les plus doux qui existent sur Terre ! Les Glutamates sont une mine d’or pour notre peau et on le ressent bien dans nos avis produits.
Avis de Louise
« Ce shampoing est dingue. Vraiment, je fais très attention à ce que j’utilise pour mes cheveux. La composition est parfaite, et c’est quelque chose que je regarde toujours. La texture géniale. Ce shampoing laisse mon cuir chevelu frais longtemps, les cheveux semblent aussi plus forts et plus légers depuis que je l’utilise. Et petit plus niveau brillance. Bref, j’adore !😍 «
Concernant notre shampoing, on retrouve des tensioactifs de sucre mais aussi à nouveau des Glutamates, parmi eux (vous l’aurez compris) une grande majorité d’ingrédients qui veulent du bien à vos cheveux. Parmi eux de l’arginine, de la gomme d’acacia, de l’hibiscus mais aussi de la fleur d’oranger, de colza, du romarin. En synergie, tous ces ingrédients vont permettre aux cheveux de retrouver leur vitalité, de stimuler la pousse, purifier le cuir chevelu et apporter de la douceur et de la brillance aux cheveux.
Bien sûr vous l’aurez deviné : le pH était un point important pour nous : absolument tous les produits moom sont au plus proche du pH de votre peau ou de vos cheveux, pour ne jamais altérer la barrière cutanée. Et bien sûr ils ont tous passé le test OEDT : qui garantit l’absence de perturbateurs endocriniens 😉
Woman Writer : Yoko
Yoko défend l’écologie, le bio et la biodiversité depuis de nombreuses années. Fatiguée de décrypter des listes d’ingrédients, de voir que le marketing surpasse bien trop souvent la législation ou la sécurité du consommateur. Yoko est habitée par une volonté de fer de changer les choses en commençant par ce qu’elle sait faire de mieux : la cosmétique bio de demain.
📖 Découvrez son livre : Vivre sans perturbateurs endocriniens – le guide ultime pour une vie saine