Vernis à ongles : des substances problématiques jusqu’au bout des ongles
Vous possédez 5 vernis à ongles dans vos tiroirs ? Vous mettez régulièrement du vernis à ongles ? Vous n’êtes pas seule, puisque 8 Françaises sur 10 en appliquent régulièrement. Mais le vernis est-il sans risque ? Le plus clean des vernis est-il le moins pire ou vraiment sain ? Ça fait un paquet de questions et on va y répondre ici, études à l’appui !
Vernis à ongles, quelle évolution, quelle recette ?
D’où vient le vernis à ongles ?
Le saviez-vous ? Le vernis à ongles a connu son essor vers 1920 suite à la fabrication… de la peinture automobile. Oui oui, vous vous mettez bien de la peinture pour voiture sur les ongles, d’ailleurs certain.e.s d’entres nous utilisent leur vernis pour cacher de vilaines rayures sur sa voiture (la boucle est bouclée n’est-ce pas ? 😅) . Depuis leurs débuts, nos vernis ont évolué (et heureusement), mais il en reste que certains composants de nos peintures sont indispensables à leur création, on retrouve alors :
- des colorants ou pigments pour la couleur
- des résines pour l’aspect brillant
- des solvants pour permettre son application
- des plastifiants pour que le produit soit souple
- des agents fixateurs pour que votre vernis ne vous quitte (presque) plus
Le vernis 100% naturel, ça existe ?
Vous voyez “plastifiant” et vous comprenez peut-être déjà qu’on s’engouffre dans un sujet bien vernis ! Tous ces composants nécessaires à la création d’un vernis empêchent de faire un vernis à 100% naturel. Oui pas besoin de le chercher, même à 95%, vous ne trouverez pas de vernis avec autant d’ingrédients naturels. Les moins pires du marché possèdent 85% d’ingrédients naturels seulement, ce qui laisse place à 15% d’ingrédients synthétiques nécessaires à leur fixation, tenue etc. Mais avant de parler des solutions, plongeons dans le vif du sujet : les composants problématiques de les vernis !
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Les substances dangereuses dans les vernis à ongles
Vernis à ongles : qu’en disent les études ?
1 vernis sur 10 contient des substances interdites
Le vernis est parmi, si ce n’est, le pire élève de la classe en matière de toxicité. Il se dispute probablement la vedette avec les colorations pour cheveux dont on a déjà parlé, il y a peu. C’est du moins ce qu’a révélé l’étude Noteo, 74% des vernis à ongles contiennent au moins un perturbateur endocrinien. À noter que l’étude ne testait qu’un nombre restreint de perturbateurs endocriniens donc ça en dit long sur le potentiel toxique de ces produits !
Là où cela devient inquiétant, c’est qu’une enquête menée par la DGCCRF en 2009 indiquait qu’un vernis sur 10 contenait des substances interdites en Europe. Et cela à hauteur de plus de 5% dans la formule. En 2012, le département des substances toxiques de Californie faisait le même constat ! Mais cette fois-ci avec des vernis portant des mentions “toxic free” (traduction : sans substances toxiques). On y retrouvait alors des quantités importantes de phtalates, toluène et formaldéhydes. Des composés cancérigènes et perturbateurs endocriniens.
Vernis : des ingrédients compromettants absents de la liste d’ingrédients
Et les études continuent de s’accumuler en ce sens. En 2016, une autre étude parlait quant à elle d’un autre perturbateur endocrinien présent dans les vernis : le triphényl phosphate. 100% des femmes avaient ce perturbateur endocrinien dans leurs urines 2 à 10h après l’application du vernis. Là aussi : 2 des vernis de l’étude ne mentionnent pas la présence de cet ingrédient dans la liste d’ingrédients… Difficile donc d’accorder sa confiance… (courage, je ne vais pas vous laisser comme ça, je vous aiderai à choisir le moindre mal et des marques qui font vraiment la différence 🙂).
Concrètement, quels sont les ingrédients problématiques dans les vernis ?
Le cas des phtalates dans les vernis à ongles
Les phtalates : DBP, DEHP, BBP, DINP…
Qu’est-ce que tous ces Djenesaisquoi ? Eh bien dans la famille des phtalates on retrouve de nombreuses variétés même si au final le rythme des réglementations donne une impression de déjà vu sur chaque nouvelle substance. Vous connaissez peut-être mon avis sur la question, mais que ce soit en matière de PFAS, de plastique ou de phtalates, on ne devrait pas les interdire un par un quand toute la famille est peu fréquentable. Bref, revenons à nos moutons.
DBP ou dibutyl phtalate interdit en Europe
Le DBP est interdit en Europe depuis un moment, mais on peut en retrouver dans des vernis à ongles provenant des Etats Unis ou encore du Royaume Uni. Cela ne devrait pas être le cas bien sûr. Mais pour vous donner un exemple : en 2011, l’association UFC Que Choisir mettait en évidence la présence de DBP dans des vernis de la marque américaine Up 2000. Donc autant garder l’œil ouvert.
Pourquoi ? Le DBP (Dibutyl Phtalate) est un perturbateur endocrinien à l’origine de désordres hormonaux, il est également toxique pour la reproduction et CMR (cancérigène, mutagène et génotoxique)…
Les remplaçants du DBP aussi inquiétants ?
Si le DBP est interdit, tout va bien ? Il a été remplacé par des phtalates plus récents et quand c’est récent, c’est qu’on ne connaît pas encore le caractère inquiétant. Depuis l’interdiction du DBP, 6 autres phtalates ont alors été réglementés mais pas dans les vernis, seulement dans les jouets pour enfants. Pourquoi ? Parce qu’ils peuvent être facilement ingérés et possèdent tous de grands défauts : cancérigènes, perturbateurs endocriniens, toxique pour la fertilité… Évitons donc de mettre nos doigts en bouche ou encore de manger avec les mains quand on a du vernis ! Comme on dit : jeux de mains, jeux de vilains !
Les autres produits inquiétants dans les vernis à ongles
Le formaldéhyde
Classé comme cancérigène certain pour l’homme depuis 2005, et malgré son interdiction en 2009, il est possible que votre vernis contiennent des formaldéhydes. Pourquoi ? Parce que les libérateurs de formaldéhydes sont encore autorisés. Et les formaldéhydes peuvent agir à très petite dose. Résultat ? La Commission Européenne s’est repenchée sur le sujet en 2022, et désormais tous les produits contenant plus de 0,001% de formaldéhydes libérés doivent indiquer « libère du formaldéhyde » sur l’étiquette. Bien sûr peu d’acteurs s’y plient…(décidément, c’est compliqué !)
Le Toluène
Irritant, cet ingrédient est inquiétant dès l’application puisque ses émanations sont toxiques. Le Toluène est aussi neurotoxique et classé comme substance préoccupante vis à vis de son effet CMR probable. Et cette fois-ci aucune interdiction de prévu pour cet ingrédient !
Les vernis 4 free et 12 free
Pour toutes ces raisons, on retrouve désormais des vernis 4 free qui sont sans toluène, sans formaldéhydes, sans DBP et sans résine de formaldéhyde.
Veuillez noter que quand on précise le nom d’un phtalate par exemple “sans DBP” c’est probablement qu’il y a un autre phtalate dans la formule pour le remplacer, ce qui n’arrange pas nos affaires 😅.
Aujourd’hui, les vernis les plus clean sont même 12 free. Aux 4 ingrédients ci-dessus on ajoute alors par exemple :
- quelques composés organiques volatiles comme les benzènes (ethyle benzène), le xylène (dommages au système nerveux central, au foie et aux reins.)
- Le triphenylphosphate dont on parlait au début de cet article, un perturbateur endocrinien soupçonné cancérigène
- Le benzophénone, toxique pour les organes, il est soupçonné d’être un perturbateur endocrinien
- Le camphre, suspecté cancérigène, il est irritant pour les yeux et peut provoquer une diminution de la fréquence cardiaque et respiratoire.
Bon, on en vient tout doucement aux solutions mais avant ça, je vais faire un détour vers 2 types de pose de vernis : le vernis semi permanent et les faux ongles. Rendez-vous ici pour la suite de cette enquête 😁!
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Woman Writer : Yoko
Yoko défend l’écologie, le bio et la biodiversité depuis de nombreuses années. Fatiguée de décrypter des listes d’ingrédients, de voir que le marketing surpasse bien trop souvent la législation ou la sécurité du consommateur, Yoko est habitée par une volonté de fer de changer les choses en commençant par ce qu’elle sait faire de mieux : la cosmétique bio de demain.
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