Perturbateurs endocriniens, pesticides et autres polluants dans l’eau du robinet : quels sont les risques pour notre santé ?
Ça y est la coupe est pleine ! Il n’existe plus d’eau qui ne soit pas polluée, il suffit d’aller sur le site du ministère lui-même pour lire : “En France, l’une des principales sources de dégradation des eaux de surface et des eaux souterraines est la pollution chimique.” Mais d’où vient-elle ? De quels polluants s’agit-il ? Finissent-ils inexorablement dans notre verre ou notre bouteille quoi qu’on y fasse ? D’ailleurs que pouvons-nous faire pour éviter d’être impactés par cette pollution quotidienne ? Je vous ai mis l’eau à la bouche ? C’est tant mieux, nous allons plonger dans le grand bain et répondre à cette grande question de l’eau !
Pourquoi l’eau est-elle polluée ?
D’où vient l’eau potable (robinet ou bouteille d’eau) ?
Nous allons parler des principales sources de pollution : la pollution chimique. Mais avant cela, je tenais juste à partager un schéma tout simple pour faire taire cette théorie selon laquelle une eau de montagne n’a jamais connu la pollution. On oublie parfois cette illustration toute simple qu’on retrouvait dans nos livres de SVT au collège :
Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ? Tout simplement que l’eau ne vient pas de la lune et qu’elle circule ! Même une eau provenant des montagnes, volcan ou autre mont d’Evian, de Volvic ou Roucous a un jour connu le fond de vos toilettes (désolée 😅), s’est retrouvée dans une station d’épuration, a été évaporée dans le processus, a fini en nuage et est retournée en pluie sur la montagne. C’est le cycle de l’eau.
Maintenant que nous avons posé les bases, quels sont les polluants de l’eau ?
Vous retrouverez dans notre guide « Vivre sans perturbateurs endocriniens » tous les produits dans lesquels on les retrouve, un focus sur leur impact sur notre santé et plus largement de quoi vous débarrasser des perturbateurs endocriniens de votre quotidien 💪
La contamination de l’eau augmente au fil du temps
En France, l’eau est-elle non conforme aux normes de sécurité ?
En 2021, 20% de la population a été alimentée avec une eau non conforme alors qu’en 2019, ce chiffre n’allait pas au-delà des 8%. Et c’est loin d’être nouveau : fin 2020, la France recensait déjà près de 8300 sites et sols pollués.
Ne vous fiez pas aux nouveaux chiffres de 2024 : suite à cette augmentation en 2023, les seuils de tolérance de la qualité de l’eau ont été augmentés pour ne pas alarmer la population comme ce fut le cas en 2021… Il semblerait que le gouvernement tente à moindre frais de noyer le poisson .
Mais revenons-en à ces polluants : lesquels sont les plus présents dans notre eau ? Et pourquoi ?
Pourquoi la pollution de l’eau augmente ?
L’industrialisation et le modèle d’agriculture intensive répondent à cette grande question du pourquoi. Les industries fabriquent et mettent sur le marché beaucoup trop de substances dont on ne connaît que trop peu l’impact. En moyenne, 7 nouvelles substances sont mises sur le marché chaque jour sans qu’on en connaisse les effets perturbateurs endocriniens, cancérigènes ou encore qu’on prenne en compte les interactions qu’elles pourraient avoir avec d’autres composants de notre quotidien. Un exemple ? Le triclosan au contact du chlore présent dans l’eau se transforme en chloroforme, un composé classé cancérigène. Et vous retrouvez pourtant du triclosan dans la grande majorité des cosmétiques, dentifrices, gels douche, shampoings. Ce qui nous amène à nos polluants…
Quelles substances polluent notre eau potable ?
En France la plus grande pollution de l’eau provient de notre modèle agricole et de nos industries.
Nitrates et pesticides : les grands polluants de notre eau
Le rapport de 2020 du gouvernement “Eau et milieux aquatiques” le dit :
“Les substances les plus déclassantes sont les pesticides (73 % des masses d’eau en mauvais état sont déclassées par ces substances) et les nitrates (59% des masses d’eau en mauvais état sont déclassées par ces substances).”
Commençons donc par les Nitrates !
Des nitrates dans l’eau ?
Vous êtes davantage concerné.e si vous habitez dans ces régions :
- Centre-nord de la France
- Centre-Val de Loire
- Nouvelle Aquitaine
- Nord-Est de la Bretagne
- Centre Occitanie
- Camargue
Dans ce même rapport, on peut lire que la situation se dégrade pour au moins 37% des masses d’eau souterraines entre 1996 et 2018 mais sur 26% d’entre elles, elle se stabilise.
Comment avons-nous réussi à stabiliser la chose avec une agriculture de plus en plus intensive ? Tout simplement grâce à la directive nitrates qui a permis une limitation des doses de nitrates appliquées en agriculture, de nouvelles normes sur les bâtiments d’élevage et une amélioration des traitements des eaux usées.
Nitrates : quelles conséquences pour notre santé ?
Les nitrates ne sont clairement pas des enfants de cœur mais il faut savoir qu’ils sont présents en toutes petites quantités dans certains légumes, c’est leur utilisation intensive qui devient problématique. Elle est d’ailleurs aussi problématique pour l’environnement. Je ne vais pas m’engouffrer dans ce sujet (sinon cet article deviendrait un livre) mais si le sujet vous intéresse, je ne peux que vous conseiller le film “Les Algues vertes” ou le livre “Algues vertes, l’histoire interdite” qui retrace l’histoire vraie et édifiante du désastre que les nitrates causent en Bretagne.
Globalement, pour notre santé, les nitrates peuvent :
- se transformer en nitrites qui réagissent quant à eux avec certaines substances pour former des nitrosamines : cancérigènes. Les nitrosamines sont associées à un risque accru de cancers de l’estomac et de l’oesophage.
- entraîner de l’hypertension ou des maladies cardiovasculaires. Même si les résultats de ces études font l’objet de grands débats : mieux vaut partir du principe de précaution.
- influencer le microbiote intestinal et on sait combien le microbiote est important pour notre état de santé général !
- entraîner des maux de tête, éruptions cutanées ou même des symptômes respiratoires chez des personnes plus sensibles et plus vulnérables.
Des pesticides dans l’eau ?
On l’a vu plus haut, les pesticides sont la principale source de pollution de l’eau. Et pour cause, les ventes de pesticides ne se sont jamais aussi bien portées : 12% d’augmentation des ventes entre 2009 et 2021, 20% d’augmentation des ventes de Glyphosate entre 2009 et 2021. Ces augmentations ont, bien sûr, des conséquences désastreuses sur la qualité de notre eau :
Carte de concentration moyenne en pesticides dans les eaux souterraines en 2010 (carte de gauche) et en 2018 (carte de droite) :
Source : Eaufrance, ADES (données sur la qualité des eaux souterraines). Traitements : SDES, 2020
La carte est assez incomplète car, comme vous pouvez le voir, certains endroits n’ont tout simplement pas de mesure ou un seul point de mesure, ce qui ne permet pas de se faire un avis complet sur la zone. En revanche, dans ce rapport, on peut voir que 80% des 2340 points de mesure des réseaux de surveillance sont concernés par la présence d’au moins un pesticide. Nous avons donc peu de chance d’être épargnés.
Autre fait inquiétant ? On retrouve dans les eaux contaminées aux pesticides des pesticides interdits depuis plus de 20 ans comme le stipule le rapport du gouvernement :
“Malgré leur interdiction de mise sur le marché depuis près de deux décennies, certaines substances (atrazine, chlorate de sodium, simazine, alachlore, oxadixyl, chloridazone), sous leur forme d’origine ou en tant que métabolites, figurent parmi les substances les plus quantifiées sur le territoire.“
On retrouve par exemple de l’atrazine dans 55% des stations.
Vous savez ce qui est incroyable ? C’est que si on compare la carte des concentrations de pesticides dans les eaux juste au-dessus avec la carte des achats en herbicides (ci-dessous), on obtient globalement la même répartition.
Achats annuels d’herbicides par département, en moyenne sur la période 2020-2022
Source : BNVD. Traitements : OFB et SDES, 2023
Note : Je n’ai pas trouvé la carte de 2018, mais je ne pense pas que les pratiques aient beaucoup changé entre 2018 et 2020.
Pesticides : quelles conséquences pour notre santé ?
Globalement, que risquons-nous à cause des pesticides :
- des problèmes de fertilité. 100% des hommes ayant au moins 3 pesticides en quantité importante dans les urines ont un sperme de mauvaise qualité. 3 pesticides en sachant qu’il en existe plus de 1000 sur le marché français, c’est peu 😔.
- selon une étude réalisée par Santé Canada, les pesticides augmentent les risques de grossesse arrêtée, de prématurité dans les familles dans lesquelles le père avait manipulé certains pesticides. Quant aux femmes, la mort du fœtus est plus fréquente chez les mères qui vivent proches des lieux de pulvérisation.
- une exposition prolongée a également été liée à un risque accru de maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson. Parkinson est d’ailleurs reconnue comme maladie professionnelle des agriculteurs depuis 2012.
- des cancers hormono-dépendants, comme le cancer du sein, de la prostate et des testicules dû aux pesticides classés comme perturbateurs endocriniens mais aussi des cancers de la peau, des poumons ou encore un risque accru de leucémie.
- chez les enfants, l’exposition prénatale aux pesticides a été associée à des retards de développement cognitif, des troubles du comportement, des troubles de l’apprentissage et un risque accru de troubles neuro-développementaux comme le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et les troubles du spectre autistique.
En bref, les pesticides n’ont rien de très réjouissants pour notre santé !
Nous avons donc parlé de 2 des plus grands polluants de notre eau, passons donc à la suite.
Les autres polluants présents dans notre eau
Les hydrocarbures : des grands polluants de notre eau
En dehors des nitrates et pesticides, voici un tableau de 2018 retraçant les grands polluants de notre eau :
Source : MTES, Basol au 15 juin 2018. Traitements : SDES, 2018
On retrouve dans ce tableau de nombreux hydrocarbures, ils proviennent de l’industrie du pétrole. On les retrouve dans notre carburant mais aussi dans le plastique, les caoutchoucs et les fibres synthétiques. Dans les huiles minérales ou la paraffine présents dans les soins cosmétiques. Dans certains parfums, bougies, produits ménagers, vernis, cires, peintures et même dans le bitume ! On comprend mieux pourquoi ils sont omniprésents dans la liste des contaminants !
La deuxième famille de substances la plus courante est celle des métaux. Parmi les 10 substances qu’on retrouve le plus souvent il y a : le nickel, le plomb, le cadmium.
Des polluants éternels et PFAS présents dans notre eau du robinet
C’est une enquête de France Bleu cette fois-ci qui a permis de connaître la présence de polluants éternels et de PFAS dans 89 endroits de France.
L’article indique que…
“Sur les 89 prélèvements, 43% des échantillons contiennent des « polluants éternels ». Vingt-sept échantillons avaient des PFAS interdits ou classés comme cancérogènes, dont cinq à des niveaux préoccupants, c’est-à-dire que dans d’autres pays comme le Danemark ou les États-Unis, l’eau aurait été traitée.”
Un fait plutôt inquiétant pour les résultats contenant des PFAS cancérogènes ou interdits mais que le toxicologue tempère (même si personnellement je ne trouve pas ça tellement rassurant ) :
« Cela ne veut pas dire que parce que vous buvez cette eau, vous aurez forcément le cancer, mais c’est une augmentation du facteur de risque de 10 ou 20%.”
Bonne nouvelle, à partir de janvier 2026, ces 20 molécules ne devront pas dépasser 100 nanogrammes par litre d’eau potable. Cette mesure devrait pousser certaines communes à mettre en place des systèmes de filtration.
Source : France Bleu – Prélèvements effectués entre le 8 avril et le 5 juin 2024. – Visualisation : Théo Uhart
Les micropolluants de notre eau
Concernant les micropolluants on distingue principalement 2 familles de polluants : ceux provenant du plastique et ceux provenant des médicaments. Sur le tableau ci-dessous, vous pourrez ainsi voir notre ennemi en tête de liste : le Bisphenol A. Combien de temps se retrouvera-t-il encore dans notre eau après son interdiction ? 🤷♀️ On remarque aussi la présence de son remplaçant : le Bisphenol S, serait-il en tête de liste aujourd’hui ? Le suspens est intenable !
Source : Eaufrance, ADES (données sur la qualité des eaux souterraines). Traitements : SDES, 2020
On dénombrait en 2018, 320 micropolluants (hors pesticides) dans les eaux souterraines. 80% d’entre eux proviennent des médicaments, plastifiants, solvants, détergents, cosmétiques…Le problème ? Sur les 320 micropolluants, seulement 63 sont soumis à des normes. Et ça, c’est vraiment la goutte d’eau qui fait déborder le vase !
Les résidus de médicaments présents dans l’eau
La question des résidus de pilule, d’antibiotiques et autres médicaments soulèvent aussi de grandes questions car on sait depuis de nombreuses années que là où les eaux des stations d’épuration sont rejetées, des phénomènes étranges apparaissent : les poissons deviennent uniquement féminin, certaines espèces ont du mal à se reproduire, d’autres disparaissent. Nous ne pouvons bien entendu pas transposer ça à l’être humain, mais ces phénomènes montrent tout de même le début de nos ennuis.
Le cas des antibiotiques dans l’eau
Pour les antibiotiques, en laissant leurs résidus flotter dans nos cours d’eau, ils permettent de rendre les bactéries ennemis résistantes aux antibiotiques. C’est un peu comme montrer son jeu de cartes à son adversaire ! Et nous sommes responsables à tous les niveaux car notre modèle d’agriculture participe aussi à cette propagation d’antibiotiques dans nos rivières. Le modèle d’agriculture actuel donne énormément d’antibiotiques et autres médicaments aux animaux, des fois juste par prévention ! Et cela par pur souci de rendement : faire grandir des animaux le plus vite possible, sur le plus petit espace possible a des conséquences sur l’apparition des maladies. Des maladies que ne rencontrent pas ou peu les animaux qui vivent dans les pâturages. De quoi nous faire croire au karma, n’est-ce pas ?
De nombreux chercheurs alertent sur ce problème car sans antibiotique, on pourrait par exemple à nouveau mourir d’une simple infection urinaire. Si vous souhaitez aller plus loin sur ce vaste sujet, les documentaires Arte sont édifiants : “Antibiotiques, la fin du miracle ?” ou encore “Résistance aux antibiotiques – A la recherche de nouvelles molécules”
Est-il possible de régler le problème à la source ?
Après toutes ces informations, vous devez vous sentir un peu submergé.e. Oui je viens de parler uniquement de la pollution et de tous les problèmes liés à cette contamination, mais en parler fait partie de la solution. Que pouvons-nous faire pour régler le problème à la source ?
Comment ne pas participer à la pollution de l’eau
Vous faites partie des conseils d’administration, êtes maire de votre ville ou village ? Certaines villes ont commencé à prendre le problème à bras le corps et ont un plan d’action pour convertir plus d’agriculteurs au bio ou mettre sur leur station d’épuration des filtres à charbon pour réduire les polluants de l’eau. Pourquoi pas vous ? Je suis convaincue que si toutes ces substances problématiques peuvent se répandre, les solutions peuvent en faire de même !
À votre échelle, peut-être y avez-vous déjà pensé à la lecture de cet article, mais globalement, vous participez à une eau moins polluée si…
- vous consommez uniquement des fruits et légumes bio
- vous avez réduit votre consommation de viande et/ou ne prenez jamais de viande ou d’oeufs issus de l’élevage intensif
- vous n’utilisez plus de tupperware, biberons, gobelets, gourdes en plastique
- vous utilisez uniquement des produits ménagers naturels ou faits maisons
vos cosmétiques sont biologiques, voire dans un packaging en verre et même certifiés sans perturbateurs endocriniens ( coucou moom skincare )
Les cosmétiques Moom sont les seuls produits sur le marché certifiés sans perturbateurs endocriniens grâce au test OEDT ✅
🌱 certifiés bio 👾 certifiés sans perturbateurs endocriniens
🧪 sans parfum 🍋 sans huiles essentielles
🤰🏻 compatibles grossesse & allaitement
- vous ne prenez des médicaments que lorsque c’est nécessaire
- vous n’utilisez pas de contraceptifs hormonaux
votre batterie de cuisine n’est pas en téflon et ne possède aucun revêtement anti-adhésif
Des bienfaits pour l’eau, l’environnement et la santé
Vous savez ce qui a de bien dans ces solutions ? Elles ne servent pas seulement à rendre l’eau moins polluée : elles servent aussi pour votre santé. Elles peuvent même avoir des bienfaits sur 2 générations ! Des bonnes raisons de se jeter à l’eau 😉.
En attendant : un autre article arrive très vite pour parler du problème de l’eau en bouteille, et un autre sur toutes les solutions possibles pour filtrer son eau. Eh oui, les solutions arrivent car il va bien falloir se protéger avant de réussir à régler le problème à la source !
Un grand MERCI pour la lecture de cette enquête 💛
Sources :
- Eau et milieux aquatiques Les chiffres clés Édition 2020, Rapport du ministère de la transition écologique
- Pesticides et trouble de l’appareil reproducteur, Générations futures, 13 avril 2017
- An exploratory analysis of the effect of pesticides exposure on the risk of spontaneous abortion in an Otario farm population, Tye Arbuckle et al., Env health, Perspective, vol 109, n°8, august 2001
- M. Bell, I. Hertz-Piccioto and JJ Beaumont, A case control study of pesticides and fetal death due to congenital anomalies. Epidemiology ; 2001 ; 12 : pp 148-156
- État des lieux des ventes et des achats de produits phytosanitaires en France en 2022, 09/07/2024, Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires
- Résistance aux antibiotiques – A la recherche de nouvelles molécules, ARTE
Auteure : Yoko
Yoko défend l’écologie, le bio et la biodiversité depuis de nombreuses années. Fatiguée de décrypter des listes d’ingrédients, de voir que le marketing surpasse bien trop souvent la législation ou la sécurité du consommateur. Yoko est habitée par une volonté de fer de changer les choses en commençant par ce qu’elle sait faire de mieux : la cosmétique bio de demain.
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