L’eau en bouteille est-elle plus saine que l’eau du robinet ou tout aussi polluée ?
L’eau du robinet te fait peur ? Tu as plutôt raison : en 2019, 8% de la population a été alimentée avec une eau non conforme, en 2021, ce chiffre est passé à 20% ! Pesticides, plastiques, arsenic, plomb, aluminium : notre eau est de plus en plus contaminée MAIS l’eau en bouteille est loin d’être la meilleure solution. Entre leur contamination aux micro plastiques, les résultats sur la qualité de l’eau en bouteille non rendus public… D’autant plus que les normes sont moins strictes pour l’eau en bouteille que pour celle du robinet. Ça fait un paquet de raison de ne pas avoir confiance NON PLUS. D’autant plus qu’on nous cache bien des choses concernant cette eau en bouteille, cf les derniers scandales sur l’eau en bouteille.
Et si l’eau en bouteille était pire pour notre santé ?
L’eau en bouteille : des normes moins exigeantes ?
Je ne vais pas reparler du merveilleux schéma que je vous partageais dans l’article précédent. Mais s’il vous faut des arguments en plus :
– L’eau en bouteille est soumise à moins de normes que l’eau du robinet. Certaines eaux en bouteille ne seraient d’ailleurs même pas acceptées en eau du robinet 🤨.
– En moyenne, on retrouve plus de 240 000 micro et nano particules de plastique dans 1L d’eau en bouteille. C’est 100 à 1000 fois plus que ce qu’on pensait il y a quelques années !
– Vous n’avez pas suivi le scandale ? Cela fait plus de 15 ans que 1/3 des eaux en bouteille subissent des traitements illégaux pour être purifiées comme l’eau du robinet. 15 ans qu’ils utilisent des traitements ultraviolets et des filtres au charbon pour ne pas être jugées impropres à la consommation 😵💫.
L’impact des microplastiques dans les bouteilles en plastique sur notre santé
Selon le rapport CIEL de “Plastic & Health • The Hidden Costs of a Plastic Planet” rédigé en 2019, l’ingestion de microplastique affecte les systèmes :
- rénal (rein).
- cardiovasculaire (cœur et circulation sanguine)
- gastro-intestinal
- neurologique
- reproducteur
- respiratoire.
Au niveau des impacts, on retrouve alors une augmentation des risques de cancer, de diabète et des problèmes de développement mental.
Si vous souhaitez aller plus loin sur le graaaand sujet du plastique, je ne peux que vous conseiller mon enquête :
>>>>>>>> Plastique et effets sur la santé : un cocktail toxique à décrypter
Eau en bouteille : des cas d’intoxication
Et ce n’est pas fini, car selon le rapport de l’OMS sur l’industrie mondiale de l’eau en bouteille publié en mars 2023 :
“une soixantaine de cas recensés dans quarante pays de chaque région du monde montrent que le produit n’est pas toujours sûr, les entreprises réalisant beaucoup moins de tests et de contrôles sanitaires de l’eau que le service public de l’eau.”
Ce document de l’OMS montre aussi que selon la marque, voire selon un même lot de bouteilles, les teneurs en minéraux peuvent varier significativement. Entre outre, l’origine de l’eau, les traitements, les conditions de stockage ou encore l’emballage peuvent tous avoir un impact négatif sur la qualité de l’eau en bouteille.
Le rapport indique que la contamination de l’eau en bouteille peut être inorganique (métaux lourds, pH…), organique (benzène, pesticides, microplastiques…) voire microbiologique (bactéries, pathogènes, virus…).
De plus, l’OMS alerte sur le fait que si l’eau du robinet est hautement réglementée, fréquemment testée et que sa qualité est rendue publique, ce n’est pas le cas de l’eau en bouteille. La qualité imposée à l’eau du robinet est, je cite :
“rarement exigée (…) et, même si des analyses sont faites, les résultats sont rarement rendus publics»
Eau en bouteille :
un désastre écologique
Pour fabriquer une bouteille d’eau en plastique il faut…
100mL de pétrole
80g de charbon
42L de gaz
2L d’eau
Si on fait les calculs : la consommation annuelle des américains en bouteille d’eau permettrait à 1 million de voitures de rouler sans jamais s’arrêter pendant 12 mois.
Et c’est pas fini : pour compenser ces émissions annuelles de CO2, il faudrait couvrir tout le Royaume-Uni d’arbres !
La boucle est bouclée : il faut du pétrole pour fabriquer la bouteille : un des principaux polluants de nos eaux souterraines. Youpi ! Quelle ironie du sort !
Et ce n’est pas fini ! En 2021, l’industrie de l’eau en bouteille a créé 25 millions de tonnes de déchets en PET. 85% d’entre eux n’ont pas été recyclés et se retrouvent donc dans la nature et nos océans.
Eau minérale, eau de source : quelles différences ?
Une différence subsiste également. Un régime spécial s’applique aux eaux minérales : elles échappent aux mêmes règles. Certaines n’ont même pas l’autorisation de rejoindre le réseau de distribution d’eau du robinet. Les eaux de source, pour leur part, doivent répondre à davantage de critères mais elles restent non désinfectées. C’est pour cette raison que notre eau du robinet a parfois un goût de chlore. Elle passe tout simplement par une désinfection obligatoire ! Encore un mauvais point pour l’eau en bouteille ! Pour une eau que la majorité des Français pensent plus propre, c’est balo !
Sources :
- Toute l’absurdité de l’eau en bouteille plastique dans une infographie, Bio à la Une article du 14/02/2019
- Rapid single-particle chemical imaging of nanoplastics by SRS microscopy, Proceedings of the National Academy of Sciences, Vol. 121 | No. 3, January 16, 2024, PubMed: 38190543
- “Plastic & Health • The Hidden Costs of a Plastic Planet”, CIEL, 2019
- Nestlé a prélevé de l’eau en toute illégalité pendant plus de 20 ans, Mediapart, Pascale Pascariello, 23 juillet 2024 à 14h30
- Nestlé visé par une enquête sur des forages non autorisés, Le Monde avec AFP, 23 juillet 2024
- L’industrie mondiale de l’eau en bouteille, Rapport de l’OMS, mars 2023
Auteure : Yoko
Yoko défend l’écologie, le bio et la biodiversité depuis de nombreuses années. Fatiguée de décrypter des listes d’ingrédients, de voir que le marketing surpasse bien trop souvent la législation ou la sécurité du consommateur. Yoko est habitée par une volonté de fer de changer les choses en commençant par ce qu’elle sait faire de mieux : la cosmétique bio de demain.
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