Grossesse : quelle place pour votre partenaire ?
Fatigue et rendez-vous médicaux, pantalons qui serrent, sensations inédites, intimes et fortes : dès le début, la grossesse, c’est du concret ! Côté partenaire, c’est moins évident. Le quotidien ? A part vous retrouver quotidiennement endormie bouche ouverte sur le canapé à 18h45 ? Plutôt inchangé. Un être humain grandit, là, dans ce ventre encore plat ? C’est tellement abstrait… Et puis « à quoi je sers, là, en fait ? ». Pas facile de s’investir et trouver sa place sans bébé dans son ventre. Pourtant, il existe plein de façons de s’impliquer à 2 dans une grossesse.
Préparer la grossesse : tout le monde au régime femme enceinte
- limitez drastiquement le café et faites menu commun avec vitamine B9 et antioxydants à gogo: dévorez des céréales complètes, fruits et légumes verts plutôt que du fast-food !
- >>>> Alimentation et grossesse, bien manger pour garder son bébé en bonne santé.
- gardez les perturbateurs endocriniens à distance >>>> Grossesse et perturbateurs endocriniens : où sont-ils ? comment les éviter ?
Vivre la grossesse à deux
Un beau + c’est affiché ? Félicitations ! Plonger ensemble dans ces 9 mois, c’est poser les premières pierres de votre famille… même quand on patauge un peu.
Partagez le suivi de votre grossesse
Il y a les rendez-vous qui marquent à vie. Les échographies : des années après, vous visualiserez encore l’exacte disposition du cabinet où votre micro-haricot aura baillé face caméra. Un moment particulièrement fort pour votre partenaire qui voit, entend, réalise enfin que tout cela est bien réel. Vous souhaitez connaître le sexe ? Cela l’aidera à concrétiser un peu plus les choses.
Il y a aussi les rendez-vous qui inquiètent : attente de résultats, pressentiment que quelque chose ne va pas… Vous soutenir, en voilà un rôle important.
Et puis les autres rendez-vous. De routine. Enfin, un routine un peu extra-ordinaire : écouter les battements du cœur de bébé, suivre la hauteur utérine qui s’envole, découvrir locaux et équipe médicale, entendre de leur bouche ce qu’endure votre corps… Précieux pour comprendre ce que cette grossesse implique pour vous. Il lui est difficile d’être systématiquement disponible ou vous n’en avez pas envie (après tout, cette grossesse concerne d’abord votre corps) ? Racontez-lui systématiquement ce qu’il s’est dit.
Créez votre trio, réinventez votre couple
Prolongez ces rendez-vous avec bébé par un temps en amoureux. Resto, balade : profitez de ces mois encore en tête-à-tête pour imaginer votre vie avec bébé ET votre vie de couple après la naissance. Discutez du prénom mais aussi de votre première sortie à deux après. Exprimez vos inquiétudes, vos attentes. Il ne sera pas trop tard ensuite mais [attention SPOILER] pris dans un tourbillon intense, le temps risque de vous manquer… et la fatigue ne pas faciliter des échanges apaisés.
Saisissez toutes les occasion de complicité à 3 : confiez-lui votre massage anti-vergetures quotidien. Adieu corvée, bonjour détente, sensualité et communication avec bébé. Expliquez-lui où vous sentez la tête, les pieds, guidez sa main sur votre ventre. Cela deviendra vite le meilleur moment de votre journée.
Partagez les contraintes (ça n’est pas QUE du bonheur )
Une grossesse, ça change nos habitudes : interdits ou dégoûts alimentaires, rythme de vie… Et si votre partenaire vous accompagnait quand c’est possible plutôt que vivre 9 mois dans deux mondes parallèles ? Réserver les sushis aux déjeuners professionnels, privilégier les soirées série-plaid…
Vous avez besoin de vous reposer, votre partenaire d’investir son rôle de parent ? Parfait ! Ménage, courses, démarches administratives, recherche du mode de garde, prises de rendez-vous : les occasions ne manquent pas ! Avec des côtés sympas : imaginez ensemble chambre, tenue de naissance ou faire-part. Cela vous semble évident ? Sauf que les faits sont têtus : le déséquilibre domestique se creuse à chaque naissance. Et c’est dès la grossesse que ça se joue.
Préparez la naissance ensemble
Projet de naissance ou pas, envisagez ensemble l’accueil de votre bébé.
Les séances de préparation à la naissance l’aideront à vous accompagner au mieux : comprendre ce qu’il se passera en vous et autour de vous, vous soulager le jour J, vous soutenir après l’accouchement, pour l’allaitement. Les autres femmes enceintes y assistent seules et votre partenaire n’est pas à l’aise ? Une sage-femme libérale pourra vous proposer un programme sur mesure.
La reine des préparations à suivre à deux ? L’haptonomie. Son objectif : entrer en contact physique et communiquer avec bébé via des massages et bercements, un toucher affectif à travers votre ventre. Des moments précieux pour le développement de bébé. Et vraiment une jolie façon pour votre partenaire de trouver sa place dans votre trio. Quand votre enfant répondra à ses sollicitations avec des mouvements que vous ne percevrez même pas… grosse poussière dans l’œil en perspective 😉.
Le chant prénatal en couple s’en rapproche. Vous vous considérez plus casseroles que pinsons ? Pas de souci, l’important c’est l’émotion et le lien pas la justesse : chantez (et un bon fou rire crée du lien aussi^^) ! Les ondes sonores bercent et rassurent le fœtus puis, dès le 5e mois, le chant devient communication. Bébé reconnaît entre toutes la voix de votre partenaire, y réagit différemment. Aigüe elle favorise le développement cognitif, grave plutôt le côté moteur. Surtout, vos chants à tous 2 vont s’ancrer dans la mémoire profonde de bébé (et certainement vous accompagner des années : choisissez-les bien, c’est du vécu !).
S’impliquer à fond, une obligation ?
Voilà pour la théorie. En pratique ? Certains s’impliquent comme une évidence, d’autres suivent mollement le mouvement. Ou restent extérieurs.
Pression sociale vs vos envies
Il n’y a pas si longtemps, fumer des cigares le jour J en pestant que c’était longuet était le summum de l’implication paternelle. On en a parcouru du chemin… jusqu’à l’excès inverse parfois. « Comment ? Il ne veut pas couper le cordon ?! ». Ben non. ET ALORS ? Votre enfant, votre couple, vos choix.
Entre étouffer de trop de prévenance et remettre en cause son implication dès que la discussion quitte le sujet bébé, il y a 1001 nuances. Celles de vos envies et besoins. Les vôtres, les siens : aucune recette universelle pour vivre une grossesse à deux !
Evidemment, si vous avez choisi d’avoir cet enfant à 2, ce n’est pas qu’une question d’envies mais de responsabilités : prendre sa part, être là quand vous avez besoin c’est le B-A-BA. En revanche, exprimer ses émotions, parler à bébé, choisir avec enthousiasme entre jaune clair ou vif pour le bonnet de naissance, bon… Que votre partenaire soit en mode couvade ou « je ne crois que ce que je vois » tant que bébé n’est pas là, si cela vous convient à vous deux, où est le problème ?
Pas de panique
Ça se complique si vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde. Rien à faire : fin de non-recevoir à chacune de vos suggestions, la grossesse lui passe clairement à côté. Arf. Culture, vécu familial, angoisses face à son rôle de parent, à la dimension animale de la grossesse… : dénouer ce qui se joue est parfois compliqué !
Essayez de comprendre sans juger, culpabiliser ni dramatiser (une lutte sans merci contre vos hormones^^) : non, votre enfant ne développera pas de problèmes affectifs parce que votre partenaire a raté la 3e échographie. Promis. Et prenez du recul : votre partenaire ne parle pas à votre ventre, d’accord. Mais avez-vous noté comme il/elle est au taquet sur les normes de siège auto ? Ça vous passe au-dessus ? Hey, chacun.e sa façon de s’investir ! C’est enrichissant, complémentaire (ok, parfois fatigant et compliqué, aussi).
Cherchez des solutions. Parfois il suffit d’en parler : nous ne sommes pas les seules à avoir la pression pour être 500% à la hauteur. Une peur de l’hôpital ? Tentez un suivi en cabinet de ville. Qui apportera plus de souplesse si son problème est la disponibilité. Blocage culturel ? Lisez des témoignages, sollicitez des amis qui ont vécu positivement cette période incroyable. Les blocages sont profonds ? Parler à un professionnel, en couple et seul, peut être bénéfique. Pour votre grossesse et pour la suite.
Si vous ne vous sentez pas soutenue ou si vous n’avez pas de partenaire, pourquoi ne pas faire appel à un.e proche ou une doula ? Une doula n’a aucun rôle médical mais émotionnel et pragmatique : elle vous accompagnera comme vous le souhaitez pendant et après la grossesse. Pour vous soutenir, vous rassurer, vous écouter. Et même aider votre partenaire à trouver sa place.
Rien n’y fait ? Pas d’affolement : cela ne présage pas du parent qu’il/elle sera. Continuez à lui proposer de participer, partagez dates de rendez-vous, interrogations, besoins. Mais sans pression : ouvrez le dialogue (et restez zen). La grossesse lui paraîtra peut-être abstraite jusqu’au bout. Mais arrivera un moment où bébé manifestera très très concrètement sa présence. Jour et nuit… (oups, encore un spoiler !)
Pour aller plus loin
Comprendre l’épigénétique et l’importance de la santé du père :
- Epigénétique – Un génome, plein de possibilité !, dossier de l’INSERM
- Sur l’alimentation :
- Nutritional geometry of paternal effects on embryo mortality Michal Polak, Leigh W. Simmons, Joshua B. Benoit, Kari Ruohonen, Stephen J. Simpson and Samantha M. Solon-Biet Published:11 October 2017 et un résumé en français
- Santé de l’enfant : alimentez bien le père !, Consoglobe, 2017, d’après l’étude canadienne : Lambrot, R., et coll. « Low paternal dietary folate alters the mouse sperm epigenome and is associated with negative pregnancy outcomes », Nature Communications, vol. 4, no 2889, 2013
- Les spermatozoïdes transmettent plus que de simples gènes
- L’anormal silence autour de l’âge des pères
Vous informer sur l’haptonomie et le chant prénatal :
- Un épisode de Mères, le podcast du magazine Les Louves: Les secrets de l’haptonomie
- Un podcast Bliss Stories ep94 – Laure, gynéco transformée par la maternité : le chant prénatal pour se préparer à l’accouchement
S’interroger, lire et écouter des témoignages sur la place du père :
- Comment bien débuter le métier de père ?, podcast de l’émission Grand bien vous fasse (France Inter) du 13/11/2019 et l’article associé Quand l’homme devient père : témoignage d’un sage-femme
- Les projets d’implication paternelle à l’épreuve de la première année, G.de Ridder, B. Ceroux, S. Bigot, Revue des politiques sociales et familiales, 2004
- Un mémoire d’école de sage-femme :
- Laëtitia Tavernier. L’évolution de la place du père en période anténatale. Médecine humaine et pathologie. 2014. ffhal-01843232 en ligne :
Des guides de grossesse qui s’adressent (aussi) au partenaire :
- Le guide féministe de la grossesse, pour des futurs parents libres – Pour une grossesse libre et éclairée mois après mois, P. Hintikka, E. Rigoulet, Ed. Marabout, 2019
- La grossesse du père, Christine Colonna-Césari (Auteur) Paru en avril 2012 Etude (broché), Médicis Eds : interviews de futurs pères et de pères qui parlent de leur bonheur, attente, angoisse.
Sur la répartition des taches domestiques
- L’Observatoire des Inégalités : Le partage des tâches domestiques et familiales ne progresse pas, mai 2020
Mama Writer : Gaëlle Ruby
Gaëlle est une femme aux multiples pouvoirs : RH, rédactrice, Freelance et maman de 3 enfants. Elle porte toutes les casquettes à la perfection. Ayant vécu 3 grossesses, militante pour le droit des femmes et l’environnement, elle a créé en 2009 Ti-bahou : la boutique éthique des p’tits Loulous et leurs (futures) Mamans ! Les articles qu’elle nous écrit d’une plume énergisante permettent de redonner le pouvoir aux futures mamans. Elle nous donne toutes les ficelles pour prendre sa grossesse en main, découvrir notre potentiel et consommer moins mais mieux en connaissance de cause 😉 !