Accouchement naturel : comment le préparer ?
On vous imagine les yeux ronds à la lecture de ce titre : comment donner la vie pourrait ne pas être naturel ? Non-naturel, non. Mais éloigné du fonctionnement naturel du corps de la femme, contraint d’entrer dans des protocoles rigides, ça oui. Alors, depuis quelques années, de plus en plus de femmes aspirent à des accouchements moins médicalisés. Pourquoi choisir un accouchement naturel, comment s’y préparer, à quoi s’attendre : on vous dit tout.
Un accouchement naturel, mais pourquoi ?
Lubie ou tendance pour certains, retour en arrière pour d’autres, irrationnelle perte de confiance vis-à-vis du progrès… Aspirer à un accouchement naturel ou physiologique a pourtant de sérieux fondements scientifiques.
Est-on allé trop loin ?
Il n’y a pas si longtemps, accoucher à domicile avec une sage-femme ou même les femmes de la famille était la norme. Le médecin ? Appelé en dernier recours. Puis, avec le développement des techniques obstétricales, donner naissance à la maternité est devenu la règle. Avec de formidables effets sur la santé périnatale des femmes comme des bébés, hors de question de le nier : merci normes d’hygiène et hyper-réactivité en cas de complications. Mais un détail a été oublié en route. Oh, trois fois rien : les impératifs physiologiques d’un accouchement. Ah.
Techniques médicamenteuses qui bâillonnent les sensations du corps, positions imposées pour le confort des accoucheurs ralentissent le travail. Alors tiens, on l’accélère chimiquement ou instrumentalement, contraints par des organisations de services. La naissance devient plus longue, plus fatigante, les interventions invasives moins évitables.
Non, ça n’est pas une lubie de néo-hippies sur le retour : c’est la médecine elle-même qui le dit !
Et depuis longtemps : dès les années 1960, des femmes, obstétriciens (peu de femmes dans la profession à cette époque…) et sages-femmes ont cherché à promouvoir des accouchements plus naturels, moins assistés. Michel Odent et Frédérick Leboyer en France, Ina May Gaskin aux USA, furent les avant-gardistes des maisons de naissance, de l’accouchement dans l’eau ou à domicile.
Concrètement, c’est quoi, un accouchement naturel ?
Et c’est mieux ? Vaste question…
Mais leur accouchement idéal, pas forcément le vôtre !Accouchement physiologique ou non, c’est le sentiment d’être allée au bout de ce que vous avez souhaité et eu la possibilité de faire qui impactera la façon dont vous allez vivre naissance et post-partum. Pas l’absence ou non de péridurale.
Dangereux et douloureux, l’accouchement naturel ?
Les générations de femmes qui n’ont pas connu la péridurale ne comprennent pas toujours : « pourquoi refuser le progrès alors qu’on a tout ce qu’il faut pour atténuer douleurs et risques ? » (traduction : ma petite-fille, es-tu folle ou maso ?). Répondons donc à Mamie !
Un accouchement est toujours douloureux, la péridurale n’est jamais posée dès les premières douleurs. Mais si vous laissez votre organisme gérer les choses, il dope sa production d’ocytocine naturelle : l’hormone-clé pour accélérer le travail et moduler la douleur. Contraint par des protocoles, le corps stress et remplace la production d’ocytocine par… de l’adrénaline. Aïe.
Evidemment, sans péridurale vous ressentirez tout. La douleur du passage de la tête de bébé ? Intense, on ne va pas mentir. Mais brève. Et aussitôt oubliée en une extase un peu planante (ça ferait presque envie !). Non, aucun cliché, juste de la chimie : merci encore, les endorphines. Quant aux contractions, la nature a aussi tout prévu : naturelles, non accélérées et amplifiées artificiellement par perfusion, elles vont crescendo pour laisser le temps au corps (et à l’esprit) de s’habituer. Et les encaisser de plus en plus fortes. Accoucher naturellement ça n’est pas subir la douleur. C’est apprendre à la gérer.
Enfin, c’est démontré et redémontré scientifiquement : en dehors de cas à hauts risques, un accouchement peu médicalisé, assisté par un.e sage-femme, est aussi sûr qu’un accouchement hospitalier. Vous êtes en bonne santé, la grossesse s’est bien passée, bébé est en pleine forme ? La surmédicalisation n’a aucune justification. Et puis un accouchement naturel ça n’est pas s’en remettre au destin au fond d’une caverne. Vous serez accompagnée, conditions de sécurité anticipées. Et vous allez vous préparer.
Un accouchement naturel se prépare
Le terme peut être trompeur : il a beau être naturel, s’informer et préparer votre accouchement reste indispensable. Plus encore que si vous souhaitez vous en remettre au maximum au corps médical.
1. S’informer sur l’accouchement
S’informer sur ce qu’est l’accouchement physiologique peut vous donner confiance en vos capacités (Wouahou, la nature est bien faite !) ou vous faire prendre conscience de vos limites (Non merci, ça n’est pas pour moi). La sécurité d’un accouchement très médicalisé vous rassure ? C’est parfait ! Ni diabolisation ni idéalisation : soyez curieuse, lisez, écoutez des podcasts, échangez. Sans a priori ni tabou.
Un accouchement naturel ça n’est pas forcément tout doux sur fond de piano et sourires béats. C’est imprévisible et, oui, c’est douloureux. Mieux vaut en avoir conscience. Mais regarder d’un peu plus près ce qui se joue dans le corps va vous laisser bouche bée.
Devant vos ressources, physiologiques et mentales, l’aventure qui vous attend… et la montagne à gravir. C’est là qu’intervient la préparation, physique et mentale. Mais aussi logistique.
2. Organiser son accouchement naturel
Vous n’aurez pas les mêmes possibilités de vivre pleinement l’accouchement physiologique de vos rêves partout. Renseignez-vous sur vos options : maison, maison de naissance, plateau technique, maternité ? Cette maternité a-t-elle une salle nature avec baignoire, ballons, lits non-médicalisés ? Est-elle ouverte à la plus légère médicalisation possible ? Evoquez le plus tôt possible votre projet de naissance.
Être bien (mais peu) entourée est crucial : accoucher avec la sage-femme qui vous a suivie toute votre grossesse, s’appuyer sur votre partenaire, une doula qui encouragent votre projet… Être en confiance, détendue est la première condition pour accoucher physiologiquement. Pourquoi ? Parce que l’accouchement renvoie à notre condition animale :
votre cerveau reptilien ne laissera pas bébé sortir s’il ressent un danger !
3. Apprendre à gérer la douleur
La gestion de la douleur sera l’un des principaux défis. Des sensations inconnues, perçues très différemment d’une femme à l’autre : impossible de dire on verra bien sur place, pré-pa-rez vous.
Certaines techniques sont particulièrement adaptées à l’accouchement naturel :
- Le yoga prénatal améliore confiance en soi et zénitude, connaissance et préparation du corps : étirements doux, travail subtil sur les postures et les muscles pour assouplir et mieux positionner le bassin, préparation et prise de conscience du périnée, travail du souffle et sa maîtrise, positions qui soulagent, relaxation… En yoga on apprend à diriger sa respiration vers la douleur, et c’est bluffant : le soulagement physique est réel et voir le mental (re)prendre le dessus est top pour la confiance en ses capacités.
- La sophrologie ou l’autohypnose aident à aborder l’accouchement avec sérénité par la relaxation corporelle et des techniques de gestion de la douleur : respiration ventrale, visualisation positive qui aide à la détente et facilite la dilatation du col. De nombreuses sage-femme ont une formation en sophrologie.
- La méthode Bonapace est une synthèse : elle associe acupuncture et massage, exercices de respiration et mouvements, travail sur les postures et yoga, déviation de l’attention par la visualisation, relaxation et, surtout, accueil et acceptation de la douleur. Une préparation digne de l’athlète de haut niveau que vous serez le jour J ! Avec un point crucial : la présence de la personne qui sera à vos côtés pour apprendre à réaliser points d’acupression et massages. Vous verrez tout cela en 4 séances (prises en charge par la sécurité sociale) avec un.e sage-femme ou un.e médecin.e formé.e à la méthode.
4. Préparer son corps avec des solutions naturelles
Pour un corps archi-prêt à relever le défi, renforcez tout ça avec des méthodes naturelles.
- Musclez votre utérus avec des plantes. Si, si : mettez-vous aux infusions de Feuilles de framboisier. Ce tonifiant utérin va renforcer l’efficacité des contractions. Hop, 2 tasses par jour pendant le 9e mois (même avant, c’est sans danger). Bon, ne vous attendez pas à une extase gustative, mais ça se laisse boire ;). Tant qu’on y est, les grand classiques de la zénitude, également sans danger, peuvent vous aider à aborder le jour J avec sérénité : Verveine, Camomille, Tilleul… Mais sinon, prudence avec les plantes : certaines, comme la Sauge Officinalepeuvent déclencher les contractions. A réserver à la toute dernière semaine et avis médical incontournable.
- Remettez votre bassin en état avec l’ostéopathie. Le pauvre a souffert, ces derniers mois. 4 à 3 semaines avant le terme, un.e ostéopathe impérativement formé.e à la physiologie de la grossesse pourra lever les blocages qui compliqueraient les choses : manque de mobilité du bassin et surtout du sacrum (l’os qui bouge le plus pour laisser passer bébé), mauvais positionnement du coccyx , blocages du diaphragme qui limitent la capacité respiratoire…
5. Préparer son mental
La dernière clé ? Vous préparer psychologiquement à ne peut-être pas vivre l’accouchement dont vous rêvez. Paradoxal ? Pas tant que ça : un accouchement est imprévisible, des bouleversements physiques et psychologiques peuvent vous submerger malgré la meilleure préparation. Même si vous avez déjà vécu un accouchement : aucun ne ressemble à un autre. Forme physique, position de bébé dans le bassin, état de santé, état d’esprit, environnement et plein d’autres facteurs peuvent modifier votre perception de la douleur, faire durer les choses 4h ou 30h, rendre césarienne ou forceps inévitables. 1001 facteurs que vous ne maîtriserez pas forcément.
Alors, prenez les devants : laissez-vous une porte de sortie mentale, afin de ne pas le vivre comme un échec. L’accouchement idéal n’existe pas dans la réalité : non, vous n’avez pas pas réussi votre accouchement naturel. Vous avez vécu VOTRE accouchement.
Pour aller plus loin
Témoignages, podcasts, blog
Vous trouverez sur internet des témoignages précieux, podcasts, blogs, articles de partages d’expériences d’accouchement naturels, expliquant les principales techniques. En voici quelques-uns :
- Sur Bliss Stories, le témoignage d’Anne-Sophie qui a vécu un accouchement médicalisé et un accouchement naturel : épisode 5- anne-sophie: accouchement classique vs accouchement naturel
- Sur Les Louves : Vos confidences : j’ai décidé d’accoucher sans péridurale
- Une mine d’informations sur le site Accoucher en Maison de Naissance dont, notamment Une sélection de Podcast inspirants, sur l’accouchement et la maternité
Plus d'infos sur l'accouchement Physiologique
Des informations sur l’accouchement physiologique : Association suisse d’information et promotion de la naissance physiologique.
Plus d'infos sur la méthode bonapace
- Le site officiel bonapace.com
- Accoucher sans stress avec la méthode Bonapace, Julie Bonapace, Les éditions de l’Homme.
Plus d'infos sur les maisons de naissance
Pour vous informer sur les maisons de naissance, en plus de Accoucher en Maison de Naissance :
- AU CALM – Association des Amis et Usagers de la maison de naissance CALM, Association pour promouvoir l’ouverture des maisons de naissance en France et soutenir le métier de sage-femme.
- La page dédiée à l’annonce des évènements en France de la Semaine Mondiale de l’Accouchement Respecté : (3ème semaine de Mai)
ouvrages sur l'hypermédicalisation et les enjeux
Des ouvrages, certains étant des classiques. Pour comprendre l’hypermédicalisation, les enjeux, prendre confiance en son corps, comprendre ce qu’il se passe, aborder les techniques :
- Le guide de la naissance naturelle, retrouver le pouvoir de son corps, Ina May Gaskin, Mama éditions
- Message d’une sage-femme pour une naissance libre, A. Seccia Steinberg, avril 2008
- Attendre bébé autrement, Catherine Piraud-Rouet et Emmanuelle Sampers-Gendre, Editions La Plage, nouvelle édition en 2020
- Vivre sa grossesse et son accouchement : Une naissance heureuse, Isabelle BRABANT, Ed. Chronique Sociale, 2003
- Comment accoucher avec le sourire… Ou presque !, Sarah FARRI, AFNIL, 2019
- Guide de la grossesse à l’usage des futurs parents. Le jour où les femmes ont abandonné leur grossesse à la « science », Alain TORTOSA, Éditions Archilogue, 2008
- Passage de Vies, Pour une naissance libre, Joelle TERRIEN, éditions l’Instant Présent, 2008
Crédit photo : @sarahharris.photography
Mama Writer : Gaëlle Ruby
Gaëlle est une femme aux multiples pouvoirs : RH, rédactrice, Freelance et maman de 3 enfants. Elle porte toutes les casquettes à la perfection. Ayant vécu 3 grossesses, militante pour le droit des femmes et l’environnement, elle a créé en 2009 Ti-bahou : la boutique éthique des p’tits Loulous et leurs (futures) Mamans ! Les articles qu’elle nous écrit d’une plume énergisante permettent de redonner le pouvoir aux futures mamans. Elle nous donne toutes les ficelles pour prendre sa grossesse en main, découvrir notre potentiel et consommer moins mais mieux en connaissance de cause 😉 !