
Aluminium dans les cosmétiques : un danger pour la santé ? Voici ce que disent les études
Vous avez sans doute déjà entendu parler de l’aluminium dans les cosmétiques, de leur potentiel effet cancérigène ou peut-être avez-vous vu dans les supermarchés cette mention “sans aluminium” présentes sur certains déodorants.
Dans nos cosmétiques : quels sont les risques de l’aluminium sur notre santé ? Y a-t-il des formes d’aluminium plus dangereuses que d’autres ? Si vous croyez être épargné.e en consommant des cosmétiques biologiques, vous allez découvrir dans cet article que la pierre d’Alun est loin d’être une enfant de chœur. On fait le tri ?
À quoi sert l’aluminium dans nos cosmétiques ?
C’est en 1960 que l’aluminium a fait son apparition. Il est alors présent dans de nombreux anti-transpirants. Les sels d’aluminium ont la capacité de se dissoudre dans la sueur pour venir bloquer les canaux des glandes sudoripares. Ils empêchent donc à nos pores de transpirer, simplement en fermant les portes d’évacuation. Un peu comme quand on bloque les issues de secours. Au secours 🔥😅! Eh oui, ce n’est pas terrible puisque vous le savez sûrement, la transpiration permet aussi d’évacuer les toxines de notre corps…
Au-delà de leur effet anti-transpirant, ils sont aussi utilisés dans les produits de maquillage, les crèmes solaires et même dans les dentifrices ! Cette fois-ci, non pas pour nous empêcher de transpirer mais plutôt pour son pigment blanc, stabiliser la formule et/ou pour son effet anti-bactérien.
Quelles sont les différentes formes d’aluminium ?
Il faut savoir que l’aluminium peut être présent sous plusieurs formes, les plus controversées sont celles sous forme de sel. Pour y voir plus clair, nous allons les catégoriser en 2 : les aluminiums solubles et ceux non solubles. On essaie d’y voir plus clair ?
Les aluminiums solubles
Ce sont actuellement les aluminiums les plus problématiques puisqu’ils ont la capacité de libérer des ions d’aluminium. Ces sels d’aluminium peuvent pénétrer dans la peau. Le phénomène de pénétration va empirer selon l’application : après un rasage, sur une peau humide, sur une peau fragilisée… Tout cela va venir favoriser la contamination aux ions d’aluminium.
Nom INCI | Fonction | Préoccupation | Autorisé label bio |
Aluminum Chlorohydrate | Bloque la transpiration (anti-transpirant) | Suspecté d’être toxique à long terme (cancer, fertilité, neurotoxicité) | Non |
L’aluminum Chloride | Anti-transpirant | Irritant et très soluble, pénètre facilement la peau | Non |
Aluminum Zirconium Tetrachlorohydrex GLY | Déodorant en spray | Contient du zirconium, suspecté d’être toxique en inhalation | Non |
Potassium Alum (Pierre d’alun naturelle) | Alternative aux anti-transpirants | Moins soluble, mais peut libérer des ions aluminium | Oui |
Ammonium Alum (Pierre d’alun synthétique) | Alternative synthétique à la pierre d’alun | Plus soluble que le potassium alum | Non |
Les aluminiums peu ou pas solubles
Nom INCI | Fonction | Préoccupation | Autorisé label bio |
Alumina (Oxyde d’aluminium) | Pigment blanc, épaississant (maquillage, crème solaire) | Non toxique, ne libère pas d’aluminium ionique | Oui |
Aluminum Hydroxide | Enrobage des filtres solaires minéraux (dioxyde de titane, oxyde de zinc) | Considéré stable, ne traverse pas la peau | Oui |
L’aluminum Silicate (Aluminum Iron Silicate, Magnesium Aluminum Silicate) | Agent de texture, utilisé dans les soins (crème, fond de teint, masque…) | Faiblement absorbé par l’organisme | Oui |
Les risques pour la santé des sels d’aluminium
Sel d’aluminium et cancer du sein
1 femme sur 8 est touchée par le cancer du sein au cours de sa vie. Selon l’OMS, dans le monde, la France est le pays le plus touché par ce type de cancer. Depuis les années 2000, l’hypothèse d’un lien entre l’usage de déodorants à base de sel d’aluminium et le développement de cancer du sein est étudiée.
Voici un aperçu des études réalisées :
- Effet métalloestrogène : une étude a pu démontrer que le chlorure d’aluminium perturbait le fonctionnement des récepteurs d’oestrogènes (les hormones féminines). Les sels d’aluminium sont donc capables de mimer l’effet des oestrogènes. Or l’oestrogène joue un rôle clé dans le développement du cancer du sein. Cette même étude a aussi montré que l’aluminium pouvait endommager l’ADN.
- L’aluminium altère les cellules mammaires humaines : en 2012, une étude in vitro menée par Stefano Mandriota et André-Pascal Sappino montrait déjà que le chlorure d’aluminium était capable de transformer les cellules mammaires. Le chlorure d’aluminium favoriserait même leur multiplication à des doses 1500 à 100 000 fois inférieures à celles contenues dans les déodorants.
- Développement de tumeurs plus rapide : une étude menée en 2016 en Suisse et réalisée sur des souris a démontré que le chlorure d’aluminium favorise le développement rapide de tumeurs mammaires agressives.
- L’utilisation d’un anti-transpirant contenant de l’aluminium sur des aisselles rasées doublerait le risque de cancer du sein selon une étude autrichienne menée en juin 2017.
Pas de conclusion
Mais les études sont, selon les autorités, encore peu nombreuses pour établir un lien. En 2019, l’ANSM annonçait donc ne pas pouvoir exclure définitivement le risque mais que les arguments n’étaient pas assez nombreux. En 2019, le CSSC (Comité Scientifique Européen pour la Sécurité des Consommateurs) rendait quant à lui un rapport qui indiquait (juste 😅) que la proportion d’aluminium capable de rentrer dans la peau était trop faible pour avoir un quelconque effet toxique (on est d’accord, ça ne prouve absolument rien). Cela en ignorant toujours et encore cette petite chose que l’on sait depuis 1950 : les perturbateurs endocriniens agissent à petite dose et peuvent même provoquer des dégâts plus importants à petite dose qu’à haute dose. D’ailleurs, parlons-en de l’effet perturbateur endocrinien de l’aluminium !

Sel d’aluminium : un perturbateur endocrinien ?
Nous avons déjà parlé plus haut de l’effet métalloestrogène du chlorure d’aluminium.
Sur la fiche toxicologique de l’INRS de 2021, on peut lire :
“Le chlorure et le nitrate d’aluminium diminuent la fertilité des mâles et des femelles dans différentes espèces animales. Ainsi, une toxicité testiculaire est observée avec perturbation de la spermatogénèse et inhibition des activités enzymatiques ; chez les femelles, des effets au niveau des ovaires ont été rapportés, pouvant contribuer à inhiber l’ovulation. L’hydroxyde d’aluminium n’est à l’origine d’aucun effet tératogène. Le chlorure, le nitrate et le sulfate d’aluminium entraînent une diminution du poids des foetus et des nouveau-nés, des retards d’ossification, une augmentation du nombre de résorptions, une baisse du nombre de foetus viables et une augmentation du nombre de malformations. Aux plus fortes concentrations testées, la toxicité maternelle est très importante. Les nouveau-nés de rates exposées à ces différents sels d’aluminium présentent aussi des atteintes au niveau du cerveau et des troubles neurocomportementaux : difficultés d’apprentissage, perturbation de la mémoire et modifications des réponses aux tests d’anxiété.”
L'impact sur le développement et la fertilité
L’INRS reconnaît donc les effets que peuvent avoir le chlorure, le nitrate et le sulfate d’aluminium sur le développement et la fertilité.
En résumé, ils indiquent que les sels d’aluminium (en particulier le chlorure, le nitrate et le sulfate d’aluminium) peuvent :
- diminuer la fertilité des mâles et des femelles
- perturber la spermatogenèse
- empêcher l’ovulation
- diminuer le poids du foetus
- entraîner des retards d’ossification et une augmentation des malformations chez les nouveaux nés
- entraîner des atteintes cérébrales chez les nouveau-nés des rates exposées avec une difficulté d’apprentissage, une perturbation de la mémoire et une perturbation de l’anxiété.
Une corrélation entre aluminium et qualité du sperme avait déjà été établie par des chercheurs franco-britanniques en 2014. Leur étude avait démontré que plus la concentration d’aluminium dans le sperme était élevée, plus le nombre de spermatozoïdes était réduit.
Quant à l’effet potentiellement neurotoxique de l’aluminium, cela fait de nombreuses années que l’aluminium est montré du doigt dans les pathologies neuro-dégénératives comme la maladie d’Alzheimer par exemple.
Sels d’aluminium dans les cosmétiques, vers une interdiction ?
Les inquiétudes de l’Europe vis-à-vis des sels d’aluminium
Depuis 2020, l’Agence Européenne des produits chimiques (ECHA) a inscrit certains composés d’aluminium sur sa liste de substances préoccupantes en raison de leur possible toxicité et effets sur la reproduction. Certaines formes de sel d’aluminium solubles (on en revient au début de l’article) sont donc classées comme toxiques pour la reproduction de catégorie 1B.
La France et les sels d’aluminium dans les cosmétiques
Dû à ces inquiétudes, l’AFSSAPS (l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de santé) préconise d’utiliser l’aluminium qu’à hauteur de 0,6%. Mais il ne s’agit que d’une recommandation, actuellement un déodorant peut contenir encore jusqu’à 20% de sel d’aluminium. Il va donc falloir que le consommateur se mette à rechercher le “sans sel d’aluminium” pour espérer un réel changement. Quant au CSSC dont on a déjà parlé, ils ont reconnu que l’exposition cumulée pouvait poser problème et ont demandé à l’industrie de fournir davantage de données. Ce qui est bien dommage, quand on sait que lorsque les études sont menées par les industriels, les résultats sont souvent en faveur de l’industriel…
La Suisse rejoint l’avis de la France sur les sels d’aluminium
Quant à la Suisse, au dernier communiqué de 2016, elle indique rejoindre l’avis de l’AFSSAPS, tout en soulignant que l’hypothèse d’un lien avec le cancer du sein reste plausible et mérite des recherches supplémentaires.
Comment éviter l’aluminium dans ses cosmétiques ?
Le cas de la pierre d’alun
Je ne vais pas passer par 4 chemins : en réalité, la pierre d’alun est une forme d’aluminium. En vérité, il s’agit même d’un cristal d’aluminium à l’état naturel. Comme vous le savez, naturel ne veut pas dire sans danger. Si on regarde notre petit tableau du début, elle correspond au nom INCI “Potassium Alum”. Elle serait jugée plus stable que les autres sels d’aluminium solubles et libérerait moins d’ions d’aluminium qu’un chlorhydrate par exemple. Et je me permets de souligner ce mot : moins ne veut pas dire qu’elle n’en libère pas. Malheureusement, on ne s’est jamais vraiment intéressé à la potentielle toxicité du potassium alum, les études manquent donc cruellement sur ce sujet. Raison pour laquelle il reste à ce jour toujours autorisé en label bio.
Du côté des experts de l’Observatoire des cosmétiques français, on retrouve un article intitulé “Pierre d’alun : les mêmes risques que les sels d’aluminium !” . Toxicologues, biologistes et chimistes donnent leur avis sur ces techniques marketing trompeuses :

Phrases des fabricants |
La réponse des scientifiques |
« Déodorant à la pierre d’alun sans sels d’aluminium » | “FAUX !, cette affirmation est mensongère !” |
« La pierre d’alun naturelle, c’est de la nature pure dans les déodorants et elle est inoffensive, c’est la pierre d’alun synthétique qu’il faut éviter. De plus, elle ne bouche pas les pores mais régule simplement la transpiration » | “FAUX ! ce n’est pas parce qu’elle est naturelle qu’elle n’a pas les propriétés des sels d’aluminium ! » |
« La pierre d’alun est sans danger du fait de sa structure moléculaire chimiquement très stable, et elle ne peut pas libérer d’aluminium susceptible d’être absorbé par les cellules » | « FAUX ! », affirment les chercheurs, détaillant les processus chimiques qui démentent cette affirmation. |
En d’autres termes, rien ne prouve l’innocuité de la pierre d’alun. En revanche, ce qui est certain, c’est que la pierre d’Alun contribue à l’exposition globale d’aluminium.
L’allégation “sans aluminium” est d’ailleurs jugée trompeuse sur ce type de produit puisque la pierre d’alun est une forme d’aluminium. Mieux vaut donc éviter la pierre d’alun par mesure de précaution et si on souhaite diminuer son exposition à l’aluminium ;).
Dernière petite info : on peut retrouver quelques fois les termes “Alum Stone” ou “Crystal” dans la liste d’ingrédients. Bien entendu, ce n’est pas légal car ces producteurs essaient de cacher la présence d’aluminium en ayant recours à des noms fantaisistes non inscrits dans la nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques (INCI).
Par quoi remplacer la pierre d’alun ou son déodorant contenant des sels d’aluminium ?
Le mieux reste de s’orienter vers des déodorants bio sans pierre d’alun, sans potassium alum.
Voici les ingrédients naturels connus qui peuvent être utilisés pour absorber et réguler la transpiration :
– le bicarbonate de sodium (il est très efficace mais peut s’avérer irritant pour certaines aisselles)
– l’amarante (son nom est rigolo mais son pouvoir est très sérieux)
– la poudre d’arrow-root ou de diatomée (toute deux très absorbantes)
– le gluconate de zinc ou le magnésium permet d’empêcher la prolifération des bactéries
A noter que lorsqu’on passe d’un déodorant anti-transpirant avec des sels d’aluminium à un déodorant naturel, le corps peut mettre quelques jours pour réguler sa transpiration naturellement sans l’aide des anti-transpirants.
Savoir repérer les sels d’aluminium dans les cosmétiques

Parmi les sels d’aluminium, on retrouve (non autorisés en bio) :
Aluminum Chlorohydrate
Aluminum Chloride
L’aluminum Zirconium Tetrachlorohydrex GLY
Ammonium Alum (Pierre d’alun synthétique)
Pour ce qui est du sel d’aluminium toujours autorisé en bio, recherchez : Potassium Alum. Vous le retrouverez sur les pierres d’alun mais on peut aussi le retrouver dans des produits de maquillage et même des crèmes. Gardons l’œil bien ouvert.
Ne pas confondre avec les formes insolubles d’aluminium telles que Alumina (Oxyde d’aluminium), Aluminum Hydroxide, Aluminum Silicate (Aluminum Iron Silicate, Magnesium Aluminum Silicate). Ces formes là sont considérées comme sans danger et sont autorisées par le label bio.
Packaging en aluminium, faut-il se méfier ?
D’un point de vue environnemental, ne vous fiez pas trop aux belles promesses marketing. Une dernière étude de 2018 indiquait que seulement 35% des emballages et feuilles en aluminium étaient recyclés. Quant à sa production, elle est très gourmande en ressources. L’extraction de son minerai, la bauxite, a un impact écologique et sociétal important (mines à ciel ouvert, pollution des eaux, conflits liés aux ressources).
Quant à la contamination du contenu, des traces d’aluminium peuvent migrer dans le produit, en particulier si l’emballage a subi un choc ou est endommagé (chose qui peut être fréquente quand on termine un dentifrice par exemple). L’aluminium transfère aussi plus facilement avec une formule acide, or les produits qui respectent notre peau et nos cheveux ont besoin d’un pH légèrement acide, au plus proche de celui de notre peau (5,5). En bref, l’impact du packaging en aluminium sur le produit qu’il contient nécessiterait lui aussi quelques études. Quand on connaît le potentiel métalloestrogène de l’aluminium, cela nous rappelle étrangement l’effet oestrogénique du plastique ! Nous en avons fait l’amer expérience en 2020 quand nous avons voulu tester l’activité oestrogénique de nos formules dans des packagings en plastique.
La routine sans aluminium
Nos produits sont garantis sans aluminium, sous toutes ses formes et nos produits sont dans des contenants en verre. Nous sommes allés bien au-delà du bio. Moom c’est la toute nouvelle génération de cosmétiques bio certifiés sans perturbateurs endocriniens. Nous n’avons fait aucun compromis, nous ne pouvons pas dissocier le fait de prendre soin de votre peau de celui de prendre soin de votre santé : c’est ça la philosophie moom.
SOURCE :
- Darbre PD. Aluminium, antiperspirants and breast cancer. J Inorg Biochem. 2005 Sep;
- Sappino AP, Buser R, Lesne L, Gimelli S, Béna F, Belin D, Mandriota SJ. Aluminium chloride promotes anchorage-independent growth in human mammary epithelial cells. J Appl Toxicol. 2012 Mar;
- Mandriota SJ, Tenan M, Ferrari P, Sappino AP. Aluminium chloride promotes tumorigenesis and metastasis in normal murine mammary gland epithelial cells. Int J Cancer. 2016 Dec 15;
- Linhart C, Talasz H, Morandi EM, Exley C, Lindner HH, Taucher S, Egle D, Hubalek M, Concin N, Ulmer H. Use of Underarm Cosmetic Products in Relation to Risk of Breast Cancer: A Case-Control Study. EBioMedicine. 2017 Jul;
- Base de données FICHES TOXICOLOGIQUES de l’INRS, Aluminium et ses composés minéraux, Fiche toxicologique synthétique n° 306 – Edition Avril 2021
- Keele University. « Exposure to aluminum may impact on male fertility, research suggests. » ScienceDaily. ScienceDaily, 21 October 2014.
- Évaluation du risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits cosmétiques octobre 2011, afssaps – rapport d’expertise
Auteure : Yoko
Yoko défend l’écologie, le bio et la biodiversité depuis de nombreuses années. Fatiguée de décrypter des listes d’ingrédients, de voir que le marketing surpasse bien trop souvent la législation ou la sécurité du consommateur. Yoko est habitée par une volonté de fer de changer les choses en commençant par ce qu’elle sait faire de mieux : la cosmétique bio de demain.
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