Accouchement d’urgence ou non, soins spéciaux du nourrisson… Selon son terme, la naissance prématurée est prise en charge de différentes façons.
En France en 2010, 7,4% des naissances étaient prématurées, c’est-à-dire qu’elles ont eu lieu avant la 37ème semaine d’aménorrhée. Pour cette raison, il n’est pas rare d’effectuer une petite danse de la joie pour célébrer le passage des 37 SA !
Si elle peut être une expérience très douloureuse et difficile, le degré de gravité d’une naissance prématurée est très variable selon le terme du bébé. On en distingue en effet 3 niveaux :
– la prématurité moyenne, entre 33 et 37 SA
– la grande prématurité, entre 28 et 32 SA
– l’extrême prématurité, avant 28 SA.
On vous en dit plus dans cette interview que nous a accordée Caroline Rodrigue, infirmière en réanimation et médecine néonatale.
Interview d'une infirmière néonatale
Quelles sont les causes d’une naissance prématurée, peut-on l’éviter ?
Les causes sont très variables. Parfois, elles peuvent être évitées grâce aux suivis de grossesse mensuels. Sinon, ce sont des causes physiologiques maternelles, nous n’avons pas de prise dessus.
Comment se déroule l’accouchement d’un prématuré ?
Encore une fois, il existe beaucoup de cas de figure, notamment en fonction du terme du bébé. La mise au monde peut être spontanée ou prévue, souvent par césarienne, avec différents niveaux d’urgence. Avant 25 semaines (6 mois de grossesse), on considère qu’un bébé n’est pas viable physiologiquement.
A quoi ressemblent les instants suivant la naissance ?
Tout dépend de critères comme le poids, le terme, les raisons de l’accouchement… si le bébé va bien et a dépassé les 35SA, il reste en maternité avec sa maman. Sinon, selon les cas, il ira en service de néonat, réanimation ou médecine.
Ces nouveaux-nés doivent-ils être séparés de leurs parents à la naissance ?
Au contraire. Si l’enfant est stable au niveau hémodynamique et que le matériel médical ne le contre-indique pas, il est recommandé que l’enfant soit mis en peau à peau contre ses parents. De nombreuses études ont montré que c’est essentiel pour son développement mental, moral, physique et physiologique. Le bébé sera également plus apaisé lors des soins.
L’allaitement au sein est-il possible chez le bébé prématuré ?
Cela dépend de son âge gestationnel : à partir de 34SA débute l’acquisition du réflexe de succion déglutition, le bébé peut donc téter au sein, mais ce peut être plus difficile que pour un bébé né à terme car téter est un sport d’endurance et les prématurés se fatiguent plus vite. Avant 34SA, le bébé est nourri par une sonde naso-gastrique ; avec le lait de la maman si elle le peut, avec un don du lactarium sinon. Il est essentiel que les prématurés soient nourris avec du lait maternel.
Comment accompagnez-vous les parents dans cette aventure ?
Pendant le séjour à l’hôpital nous essayons d’être aussi encourageants que possible et clairs quant aux particularités de leur bébé, du matériel médical qui l’accompagne… pour le retour à la maison, ce sont les mêmes conseils que pour une naissance à terme mais on insiste sur quelques particularités : sensibilité plus importante aux infections, surveillance plus rigoureuse des selles, vomissements et de la température.
C’est difficile pour les parents… ça doit l’être pour les soignants aussi ?
On nous apprend à garder une distance émotionnelle avec les patients, adultes ou enfants, pour nous protéger. Ce n’est pas facile pour autant, nous restons des humains avec des sentiments…
Beaucoup de femmes s’inquiètent de leur responsabilité, quelles sont les causes de la prématurité ? Peut on l’éviter ?
Certaines causes peuvent être évitées en faisant des suivis de grossesse mensuels. Certaines autres sont physiologiques maternelles.
Les bébés sont entre de bonnes mains mais j’imagine qu’il est parfois difficile pour les parents de ne pas voir ou toucher leur bébé pendant ces moments, le bébé a t il besoin de contact, comment remplacer ce lien qui se créé normalement à la naissance ?
Les parents peuvent prendre leur bébé en peau à peau ou méthode kangourou, à n’importe quel terme de naissance tant que l’enfant est stable au niveau hémodynamique et qu’il n’a pas de matériels médicaux qui le contre indiquent. Le peau à peau est essentiel pour le développement du bébé au niveau mental, moral, physique et physiologique.
Cela a été prouvé par plusieurs études scientifiques et constaté à différents niveaux. Le bébé est plus serein quand il ressent la peau d’un de ses parents, la chaleur, l’odeur, la voix. Il est plus détendu aux soins qu’on lui prodigue quand l’un de ses parents est présent pour l’apaiser.
Ta plus belle histoire à raconter ?
Il y en a pleins à raconter, mais le plus réjouissant c’est quand l’on admet un prématuré en réanimation et qu’on le voit transféré en médecine puis rentrer chez lui. D
ans mon service en ce moment, nous avons un bébé de sexe féminin qui est né sous le secret à 25 SA ce qu’on appelle un très grand prématuré. Cette petite fille était loin de s’en sortir, rejetée par ses parents biologiques, elle est d’un courage et d’une ténacité incroyables. Les grands prématurés arrivent intubés, instables, demandant beaucoup beaucoup plus d’attention et de soins, de drogues que les autres. Cette petite puce n’a pas été longtemps intubée, a redoublé d’effort, a eu un autre appareil pour respirer, et va de mieux en mieux, elle n’a pas eu de séquelles neurologiques, ce qui est parfois le cas chez des préma de cet âge là. Elle s’améliore en oralité. Sa mère en famille d’accueil prend bien soin d’elle.