Greenwashing dans les cosmétiques, savoir reconnaître le marketing abusif
1 cosmétique sur 3 vous ment ! C’est ce qu’a révélé un rapport de la DGCCRF lors des contrôles de 2021. Le plus gros du problème ? Les allégations “avec” (“avec de l’huile d’argan” par exemple) et “sans” (“sans parabènes” par exemple). Quand est-ce qu’un ingrédient est présent dans votre formule uniquement pour le marketing ? Les allégations “sans” cachent-elles d’autres produits plus inquiétants ? Et puis : quelles sont les sanctions pour ces entreprises qui se jouent de nous et plus particulièrement de notre peau ? (Spoiler alert : elles sont loin de se faire passer un véritable savon !)
Les allégations “avec” en cosmétique, quand sont-elles trompeuses ?
Ce que dit le contrôle de la DGCCRF
Les allégations “avec” abusives concernent 33% des entreprises contrôlées par la DGCCRF.
En détail :
Informations disponibles sur le site du gouvernement
Sur les 389 établissements, 33% ont fait l’objet d’une allégation “AVEC” abusive. Cela a mené à :
- 68 avertissements : il ne se passe rien. Juste, on vous avertit que vous avez été pris en flagrant délit de publicité mensongère. (correspond globalement à un : ouh, attention c’est pas bien ça ! 😅)
- 58 injonctions : ça paraît grave comme ça, mais cela veut dire qu’ils ont été obligés de modifier leur packaging. (C’est généralement sous un délai de 6 à 12 mois le temps d’écouler les packagings en cours).
- 4 PV : là c’était un peu trop abusé et ils ont dû payer… une amende
Cela veut donc dire -tout de même- que sur les 130 entreprises ayant fait l’objet de mention “AVEC” abusives, pour 97% d’entre elles, il ne s’en suit aucune pénalité. Et SEULEMENT pour 3% d’entre elles une sanction.
Aaah le marketing a encore de belles années devant lui, n’est-ce pas ? On les étudie en détail pour mieux apprendre à les détecter ?
Quelques exemples d’allégations “avec” trompeuse dans vos cosmétiques
La plus grosse amende a été de 200 000€ pour une marque de cosmétiques faisant partie des acteurs majeurs du marché. Pourquoi ? Sur le packaging, on y retrouvait la présence d’ingrédients et d’effets revendiqués alors que les ingrédients en question n’étaient présents qu’à hauteur de 0,01% dans le produit.
Une autre marque de cosmétiques a, quant à elle, reçu une amende de 75 000€. Et cette fois-ci non pas que l’ingrédient était présent en petite quantité : l’ingrédient revendiqué était tout simplement absent de la liste des ingrédients 😅.
Pour la troisième sanction, on retrouve une marque qui mettait en avant la verveine dans sa formule. Elle était présente à hauteur de 0,0005% (et je n’ai pas ajouté de zéro en trop).
La dernière amende a été de 50 000€ assortis de 5000€ pour le président de la marque de cosmétiques. Cette fois-ci, pour avoir indiqué utiliser de l’aloe vera pur alors que sa formule contenait de l’aloe vera reconstitué (donc en poudre). C’est un peu comme écrire qu’il s’agit d’un potage frais aux légumes fait maison et avoir une poudre à mélanger avec de l’eau.
Et pour les autres ?
Les allégations “avec” mensongère les plus courantes dans les cosmétiques
Pour le plus courant, il s’agit d’ingrédients mis en avant qui ne sont en réalité qu’en fin de formule voire pas du tout présents. Et la loi est très claire là-dessus : on ne peut pas revendiquer un effet si l’ingrédient est présent dans une trop petite quantité pour donner un effet. Ensuite, vient la présence de pourcentages faux. Un exemple ? Un savon mentionnait la présence de 20% d’huile de baie de laurier alors qu’il n’en contenait que 3,58%. Et pour finir, ce sont les allégations d’effets mensongers qui sont -elles aussi- très courantes.
Le saviez-vous ? L’allégation “anti-âge” est censée être prouvée par des tests d’efficacité, c’est aussi le cas de “anti-vergetures”. Personnellement je trouve que ces allégations assorties de “anti” ne devraient plus exister. Surtout pour le “anti-âge”, qui sous-entend toujours et encore que prendre de l’âge est une mauvaise chose… mais je m’égare, je m’égare.
Comment savoir si la mention “avec” sur un packaging est trompeuse ?
Vérifier la liste d’ingrédients du cosmétique
Le premier conseil que j’aurais à donner, pour ne pas se faire avoir, est de regarder la liste d’ingrédients. Votre produit mentionne la présence d’huile de Grenade, recherchez l’huile de grenade dans votre liste d’ingrédients (toutes les huiles sont assorties d’un “oil”). Si elle est située à la fin de votre liste : elle est présente en petite quantité. Pire : l’ingrédient est présent après les conservateurs, après l’ingrédient “parfum” ou “arôme” : vous êtes certain.e qu’il est présent à moins de 1% dans votre liste d’ingrédients.
Vérifier la présence de label
Les labels biologiques ou naturels sont coûteux, sans aucun doute, mais vous aurez la certitude d’avoir un produit beaucoup plus contrôlé. Chaque pourcentage a été vérifié par un expert du label : ce qui limite clairement les abus. Les pourcentages bio et naturels sont aussi validés et calculés par le label. Et je ne vais pas vous mentir, c’est un cas d’abus très courant dans les cosmétiques non labellisés affichant un pourcentage naturel ou bio.
Vérifier les tests d’efficacité de votre cosmétique
Votre produit fait la mention d’un effet lissant, tonifiant : y-a-t-il des tests d’efficacité annoncés ? ou l’effet est-il revendiqué grâce à un ingrédient ? Si oui, à quel endroit de la liste d’ingrédients se situe-il ? Vous l’aurez compris, plus il est haut, plus il est présent en grande quantité.
L’exception qui confirme la règle
Les ingrédients présents en faible quantité et efficaces
Attention toutefois aux exceptions, elles sont relativement faciles à reconnaître. Certains ingrédients ne doivent être présents qu’à des quantités faibles, au-delà ils peuvent être irritants ou avoir le même effet qu’avec une petite quantité. Quand l’effet escompté est le même à petite quantité et que l’ingrédient coûte cher : c’est contre productif pour le fabricant ET pour la personne qui achète le produit. On obtient par conséquent un produit très cher pour la même efficacité.
Des exemples d’ingrédients qualitatifs
C’est le cas par exemple des céramides, de l’acide hyaluronique, de l’extrait de romarin, du zinc. Ce sont tous des actifs très intéressants pour votre peau ou vos cheveux mais ils sont un peu comme les épices de vos plats : à utiliser en petite quantité. Vous retrouverez d’ailleurs certains de ces ingrédients dans notre crème visage, notre huile de soin ou encore notre shampoing 🥰.
Les allégations “sans” en cosmétique sont-elles fiables ?
Ce que dit le contrôle de la DGCCRF
40% des marques ayant été contrôlées ont fait une mention abusive du mot “sans”.
Les cas les plus courant :
- présence d’allergènes
- présence d’alcool dans un produit mentionné “sans alcool”
- présence de parfum dans un produit “sans parfum”
- présence de la mention “sans perturbateurs endocriniens” ou autres allégations “sans” comme “sans parabènes”
À nouveau, pour se prémunir de ces abus : les labels, et savoir lire la liste INCI seront vos meilleurs alliés ! N’hésitez pas à vous munir d’une application comme INCI beauty pour avoir la traduction de chaque ingrédient.
Les mentions “sans alcool” et “sans parfum” portent à confusion
Des petits tours de passe-passe permettent de dire “sans parfum” alors que le produit contient du parfum. Dans une liste d’ingrédients, les parfums peuvent être mentionnés par le mot “parfum” mais aussi par le nom “arôme” ou encore “BHT”. Vous pouvez donc avoir inscrit “sans parfum” juste parce que le mot parfum n’est pas celui utilisé mais niveau composition c’est exactement la même chose. Pas dit pas pris n’est-ce pas ? C’est pareil pour l’alcool, il existe plein d’alcools différents dans les listes INCI à ne pas confondre avec les alcools gras qui ont quant à eux des effets bénéfiques pour votre peau. La meilleure façon pour s’en assurer est de lire votre liste d’ingrédients.
Pourquoi la mention “sans perturbateurs endocriniens” est interdite en cosmétique
Pas de preuve : pas d’allégation.
Sur nos packagings, nous avons été obligés de faire mention du test OEDT pour pouvoir indiquer que notre produit était sans perturbateurs endocriniens.
Pourquoi la mention “sans perturbateurs endocriniens” non assortie d’un test est trompeuse et surtout fausse ? Tout simplement parce que de nombreuses substances peuvent avoir une activité hormonale. C’est le cas par exemple du soja mais aussi du sésame, de l’huile de graines de lin, de certaines poudres, des parfums… Il faut donc dans un premier temps avoir une connaissance approfondie des plantes pour qu’un cosmétique ne possède pas d’activité hormonale. Mais même avec cette connaissance, cela ne suffit pas.
L’importance du packaging dans les cosmétiques sans perturbateurs endocriniens
Nous l’avons remarqué avec le test OEDT : on peut faire la formule la plus clean qui soit, si elle est dans un packaging en plastique, elle ne passe pas le test sur les perturbateurs endocriniens. Notre gel douche et notre shampoing ont donc passé deux fois le test OEDT : une fois dans du plastique, une fois dans du verre. Un test positif, un test négatif et une seule formule identique.
Les cosmétiques moom sont les seuls produits sur le marché certifiés sans perturbateurs endocriniens grâce au test OEDT, la seule solution fiable existante à ce jour ✅
🌱 certifiés bio 👾 certifiés sans perturbateurs endocriniens
🧪 sans parfum 🍋 sans huiles essentielles
🤰🏻 compatibles grossesse & allaitement
J’espère que la lecture de cet article vous permettra d’y voir plus clair et de commencer à faire ce petit geste tout simple qu’on oublie souvent : celui de retourner son packaging.
Sources :
- « Allégations sur les produits cosmétiques : tout n’est pas permis ! » – DGCCRF (2023)
Auteure : Yoko
Yoko défend l’écologie, le bio et la biodiversité depuis de nombreuses années. Fatiguée de décrypter des listes d’ingrédients, de voir que le marketing surpasse bien trop souvent la législation ou la sécurité du consommateur. Yoko est habitée par une volonté de fer de changer les choses en commençant par ce qu’elle sait faire de mieux : la cosmétique bio de demain.
📖 Découvrez son livre : Vivre sans perturbateurs endocriniens – le guide ultime pour une vie saine