Témoignage de Julie sur son accouchement non assisté (ANA)
L’ANA, Accouchement Non Assisté, est une pratique encore très rare en France : elle concerne 0,1% des naissances dans l’Hexagone. Elle désigne le fait d’accoucher chez soi sans assistance médicale et concerne aussi bien des accouchements « involontaires » (bébé arrivé très vite) que de véritables choix, mûrement réfléchis en amont de la naissance.
Aujourd’hui, nous partageons avec vous le magnifique témoignage de @julie.toutin qui raconte comment elle a donné naissance à son troisième enfant chez elle, dans la douceur de l’hiver, juste après Noël.
Le choix d'un accouchement à domicile
Pour cette nouvelle grossesse, j’ai fait le choix d’un accouchement à domicile (AAD) avec ma sage-femme que je connais si bien et qui me connaît. Le terme était le 25 décembre et fêtes obligent, ma SF était absente du 21 au 27.
L’Accouchement non assisté (ANA) était inenvisageable pour moi suite à mes deux expériences. Pourtant, lorsque le 21 est arrivé, il a fallu considérer cette option. Je me suis inscrite dans 2 maternités : une pour les urgences, une pour la physiologie mais plus loin…
L’idée était de faire le plus de travail possible à la maison et puis de partir à la maternité seulement si ça durait.
Un début de travail à domicile sans sage-femme
Le matin du 26 décembre, juste après Noël, je me suis levée avec des contractions intenses.
J’ai eu un tel pré-travail pendant ma grossesse que j’avais du mal à savoir si c’était vraiment mon bébé qui arrivait. Mais en moi, elle, était certaine.
À 11h profitant d’une éclaircie, je suis sortie me promener sur mon petit chemin. J’en ai profité pour appeler mon amie, doula, photographe. Elle savait, elle, que bébé ne tarderait pas vu mes contractions au téléphone mais j’étais dans le déni d’une arrivée rapide.
On décide d’installer un dessin animé à regarder tous ensemble, je n’en vois que 15 minutes. Les contractions m’arrivent par vagues. Ma fille s’installe dans la chambre pour finir son film, et sans doute s’isoler un peu. Mon fils lui, reste scotché à son père. Je me sens un peu désillusionnée.
J’ai l’impression que ça va durer des heures, je ne sais pas comment gérer. Je suis en pleine phase de désespérance. Mon mari appelle notre amie qui se met en route pour nous rejoindre.
Je pars dans les toilettes, les contractions sont fortes, je demande à ce que mon mari monte la piscine, j’ai l’impression que ça pourrait baisser l’intensité.
Je reste debout dans mes toilettes à vocaliser comme une lionne, je pense qu’il faut aller à la maternité mais je me sens incapable de monter dans une voiture.
Le moment de l'accouchement
Puis soudain, je sais, je retourne vers mon canapé déplié.
Je m’installe à quatre pattes, je touche ma vulve. « Il arrive ». Mon mari constate « je vois la tête ». Mes sensations sont incroyables, je suis dans un autre monde. Mon mari pose notre fils pour accompagner la sortie.
Mon bébé sort coiffé, ce qui rendra encore plus douce sa sortie pour nous deux. Je me retourne, animale, j’enlève la poche des eaux, déroule doucement le cordon, aspire mon bébé puis il respire d’un coup et pleure. Il est magnifique. J’ai fait ça. C’est dingue.
Sarah arrive quelques minutes après la naissance. Elle nous accompagnera tout au long de la délivrance ainsi que notre sage-femme par téléphone.
Cette phase porte bien son nom, j’ai trouvé très difficiles les douleurs de ce moment. Mon placenta est énorme.
Les ressentis après avoir accouché chez soi
J’atterris doucement.
Je me sens euphorique.
Pleine d’ocytocine.
C’est fou.
Ce que je viens de vivre, ce que mon bébé a permis.
Il a choisi son arrivée, au moment parfait, pour une naissance parfaite.
Notre amie a pris soin de nous pendant toute l’après-midi. C’était si doux. Je me suis sentie sur un nuage toute la journée.
Notre Loen est né durant la douce période d’après Noël quand tout est redescendu doucement, quand l’euphorie retombe, quand on se repose, se recentre entre nous.
C’était si doux comme arrivée. Magique. Transcendant.