Témoignage : votre regret maternel
Une gentille mama s’est confiée à nous sur les regrets qu’elle a concernant sa vie d’avant. En partageant son histoire, elle souhaite briser le tabou qui existe sur le regret maternel. Elle souhaite également partager son expérience avec d’autres mamans, pour leur dire que non, elles ne sont pas seules.
La désillusion
Dès la naissance de mon fils, j’ai eu beaucoup de mal à créer un lien avec lui et j’ai toujours trouvé que je n’étais pas à ma place. Que ce n’était pas la vie que je m’étais imaginée vivre, que ce n’était pas la vision que j’avais de la maternité. Et pourtant, nous étions si heureux avec mon conjoint quand nous avons appris la nouvelle.
C’était pour nous un projet de vie et l’accomplissement de notre amour. Et pourtant, aujourd’hui encore, 16 mois après, je me demande encore si je suis vraiment faite pour ça. Et ce, malgré mon entourage qui me répète que je suis une très bonne maman : à l’écoute de ses besoins, aimante, bienveillante etc. Ma vie a été bouleversée. Je dirais même que c’est notre vie à tous les deux qui a été chamboulée par son arrivée. Deux amoureux fusionnels, inséparables, très sportifs et motards. Toujours en vadrouille, que ce soit sur nos motos respectives ou à la découverte d’un nouveau pays. Notre vie était rythmée par des sorties tous les week-ends, entourés de nos amis. Apéro l’été, raclette l’hiver.
La dépression post-partum
Et ces moments à deux sous le plaid avec un chocolat chaud devant un film en hiver. Forcément, l’arrivée d’un enfant dans notre univers a chamboulé cette vie très rythmée. D’autant que nos familles respectives sont très loins et nous sommes donc seuls pour découvrir ce nouveau rôle qu’implique la parentalité.
Tout est devenu si compliqué. Surtout que nous avons tous vécu un accouchement traumatique qui nous a d’entrée de jeu fait partir avec un certain handicap. Au fur et à mesure des jours qui passaient, les problèmes de santé de notre fils se sont accumulés, les incompréhensions, les nuits hachées où nous restions éveillés pendant des heures. Nous étions dans une spirale qui nous descendait tout droit en enfer sans trouver de porte de sortie. La dépression du post-partum m’a frappée de plein fouet. Ce qui n’a fait qu’accentuer ce mal-être profond, comme cette impression d’avoir emprunté la vie de quelqu’un d’autre, ou plutôt l’impression qu’on a pris ma vie.
Un mot sur des maux
Et puis un jour, je suis tombée sur un podcast qui parlait de maternité, plus précisément du « regret maternel« . Ces mots ont résonné en moi comme une évidence. J’ai ressenti à la fois une profonde tristesse et un soulagement. Le soulagement de pouvoir enfin mettre des mots sur ce que je vis et la tristesse que ceux-ci soient si durs, si terribles.
Aujourd’hui j’aimerais que la parole se libère sur cela. Sur le fait que nous ne sommes pas toutes faites pour être mère, peu importe notre désir de l’être. J’ai toujours voulu être mère, et pourtant je reste persuadée que ce n’est pas en adéquation avec mes choix de vie et mes ambitions. Pour autant j’ai réussi à créer un lien particulier avec mon fils d’autant plus fort de part notre histoire, et je l’aime au plus profond de moi… Même si, la maternité étant faite d’ambivalence, il y a cette partie de moi qui se demande au fond ce que serait notre vie si nous n’avions pas fait ce choix.