En pré-ménopause à 25 ans elle décide de tomber enceinte
La pré-ménopause toucherait environ 1,9% des femmes de moins de 40 ans. Un sujet dont on parle très peu et pourtant, tous les ans environ 8000 femmes en France vivent ce bouleversement. Selon la science, seule 5 à 10% d’entres elles arriveront à tomber enceinte naturellement. Ce bouleversement, Mathilde l’a vécu à ses 25 ans et nous en parle en tout sincérité.
Comment as-tu découvert ta pré-ménopause ? As-tu eu des symptômes particuliers ?
Des règles irrégulières
Dès l’apparition de mes règles à 12 ans, je n’ai jamais été régulière dans mon cycle menstruel jusqu’à la prise de ma pilule à 17 ans. Elles venaient pendant 10 jours ou plus puis je pouvais être tranquille pendant parfois plusieurs mois d’affilés. Lors de mon premier rdv gynécologique, j’ai signalé le problème au gynécologue et celui-ci m’a dit que ce n’était rien d’anormal, qu’étant jeune ça pouvait arriver. Je le répétais à chaque rdv car ça me tracassait. Ensuite, j’ai changé de gynécologue il y a 4-5ans, je lui ai à nouveau expliqué le souci et mes craintes et vu que je vieillissais celui-ci m’a expliqué que la pilule cachait les effets d’un cycle irrégulier, et que lorsque j’arrêterais, on aviserait.
Un changement de contraception
Ayant changé plusieurs fois de pilules depuis mes 17 ans, j’ai décidé avec mon compagnon de stopper les hormones mais je n’étais pas pour le stérilet donc on a utilisé des préservatifs pendant plus d’un an sans qu’aucun accident ne survienne.
Là j’ai eu le réflexe de prendre notes dans un calendrier de tous mes cycles (dates de début et de fin) et j’ai constaté que les soucis étaient toujours présents.
Jusqu’à en octobre, j’ai eu 2 mois de retard complet. J’ai eu un mauvais pressentiment car je savais qu’il était impossible que je sois enceinte (car on utilisait des préservatifs et j’avais réalisé deux tests de grossesses négatifs), donc j’ai demandé à mon médecin traitant de me prescrire une prise de sang avec le test de grossesse ainsi qu’un bilan hormonal.
Le diagnostic
Les résultats sont arrivés dans les jours qui ont suivi et le biologiste avait indiqué « diagnostic comparable à une pré-ménopause ».
Là j’ai su au fond de moi que c’était réellement le cas et cela expliquait pas mal de symptômes de ma jeunesse (forte bouffée de chaleur, sudation plus importante, cystites à répétitions sans interruption, grosse baisse de libido, forte pilosité puis pratiquement chute des poils, moral en dents de scie).
Donc je me suis rendue chez mon gynécologue début décembre qui m’a tout de suite rassurée en me disant que le biologiste n’avait pas à m’écrire ce genre de diagnostic sans approfondir les recherches. Nous avons refait des bilans sanguins qui malheureusement ont confirmé mon insuffisance ovarienne prématurée (IOP) à 25 ans.
Coup de massue, notre monde s’écroule en une seconde. Ce n’était pas dans nos projets d’avoir des enfants, on recherchait une maison mais s’entendre dire qu’on n’a pratiquement aucune chance d’en avoir est juste impossible à entendre.
Donc j’ai pris rdv chez une confrère de mon gynécologue qui est spécialisée dans la recherche et la fécondité, elle m’a expliqué ainsi qu’à mon compagnon qui cette fois-ci était présent, les causes possibles de cette IOP. Elle nous a également expliqué que toutes interventions de types médicalement assistées n’allaient pas fonctionner chez moi car mes taux d’hormones étaient déjà trop mauvais, que seuls la congélation de mes derniers ovocytes ou le don d’ovocytes pouvaient fonctionner et forcément l’adoption, que mes chances de tomber enceinte de manière naturelle étaient très peu probables si pas impossible vu le nombre d’ovocytes restants… Nouveau coup de massue !
Comment avez-vous accueilli la nouvelle dans le couple ?
Très mal forcément, on s’y attendait, mais on avait gardé espoir que les FIV fonctionnent. J’ai expliqué à mon compagnon quelles seraient les conséquences d’une pré-ménopause à mon âge, j’ai été transparente envers lui. Entre temps on a décidé d’arrêter les protections. Donc on a continué notre train de vie, on continuait à chercher une maison.
Puis tout à fait par hasard le 15 janvier, j’ai réalisé un dernier test de grossesse que je possédais car j’avais encore du retard dans mon cycle, que ma poitrine était très douloureuse et parce que j’avais eu une « gastro » durant les fêtes de fin d’année, qui m’a annoncé ma grossesse !
Quelles solutions s’offraient à vous ?
Le don d’ovocytes, la congélation d’ovocytes, lourd traitement hormonal, adoption, voie naturelle.
Y a-t-il une différence avec une grossesse habituelle ?
Aucune différence, mon bébé et moi sommes en pleine forme, je n’ai eu jusqu’à présent aucun symptôme négatif lié à la grossesse, que du contraire !
Comment et par qui es-tu accompagnée ?
Uniquement par mon gynécologue pour le suivi de ma grossesse et forcément je suis entourée de mon compagnon, ma famille et mes amis.
Tu ne t’imaginais pas être maman à 25 ans, quel impact cela a sur tes projets de vie ?
Tout d’abord, j’ai changé de travail durant les vacances d’été. Ma nouvelle gérante ainsi que toutes mes collègues sont des personnes en or, elles m’ont énormément soutenues durant cette horrible période ! Nous n’avions plus vraiment de projet une fois que nous avons eu connaissance de mon IOP. Nous avons continué nos recherches afin de nous trouver notre future maison, c’est devenu notre seule priorité car nous vivions encore chez nos parents respectifs.
Quels conseils donnerais-tu à celles qui sont dans la même situation que toi ?
C’est difficile à dire, car je n’ai pas encore assez de recul sur mon petit souci mais si je peux donner un conseil c’est de rester souder avec son compagnon et de communiquer !
Une question un peu plus ordinaire : à quoi ne t’attendais-tu pas en étant enceinte ?
Je suis en train de vivre la plus belle expérience de ma vie, être enceinte est synonyme pour moi de bonheur et de joie !
Je ne m’attendais pas à autant de bonheur, parfois j’en suis même gênée !
Je ne m’attendais pas à ce que tous nos amis/familles soient aussi heureux pour nous.
Quelle est la suite pour votre nouvelle petite famille à 3 ?
On emménage bientôt dans notre maison avec notre chat et notre chien, on attend avec impatience notre petit bébé et pour la suite, ce ne sera que du bonheur assuré et qui sait, peut-être un second enfant !?
Crédit photo : Luana Azevedo