
Un savon sans savon est-il adapté aux peaux sensibles ?
N’est-ce pas ironique d’appeler savon un savon qu’on dit sans savon ? Peut-être autant qu’une crème sans crème, qu’un nettoyant sans nettoyant, mais pourtant ce “sans savon” figure sur bon nombre de packaging. Pourquoi ? Est-ce réellement positif ou est-ce seulement du marketing ? On va voir ça ensemble et déterminer qui mérite de se faire passer un savon 😅.
Un savon, qu’est-ce que c’est ?
Un savon doit être obtenu par saponification à froid ?
Un peu d’histoire, si vous le voulez bien, autrement, vous pouvez passer cette partie ;).
On voit tout et son contraire sur l’internet MAIS ce qui définit un savon n’est pas la saponification à froid. La saponification à froid existe seulement depuis le XXème siècle (même s’il existe des traces de quelques tests anecdotiques ayant été faits au XIXe siècle).
Vous vous dites “mais attends, on dit tout le temps que le savon existe depuis l’Antiquité”. Et votre intuition EST BONNE ! Parce que ce qui définit un savon n’est pas la saponification à froid mais la saponification (qui peut être froide ou chaude).
Les premiers savons de l’Histoire
Cela fait bien depuis plus de 4000 ans que le premier savon a vu le jour ! Comme d’habitude en Mésopotamie, Egypte et à Rome.
Comment était-il fabriqué ? En mélangeant des graisses animales et des cendres végétales riches en potasse.
Vous entendez “graisses animales”, vous vous dites : dégoûtant ? Ces graisses animales sont encore largement utilisées aujourd’hui. Recherchez SODIUM TALLOWATE dans la liste d’ingrédients de votre savon. Vous retrouverez donc facilement ce sodium tallowate dans les savons de Roger et Dave (toute ressemblance avec des noms de marque de savon existants et populaires ne serait que pure et fortuite coïncidence 😉).
Au cas où ce n’était pas clair : le sodium tallowate est majoritairement issu de l’agriculture intensive et nécessite l’abattage de boeuf, moutons ou porcs. Une industrie qui contribue à la déforestation, aux émissions de gaz à effet de serre et à gaspiller nos ressources en eau et en terres cultivables. Mais c’est un autre sujet ! Si on en revenait à nos moutons/savons ?
Les deux méthodes de création d’un savon
Pour qualifier un savon ‘savon’ il faudrait techniquement qu’il soit issu soit :
- de la saponification à froid (qui se fait en réalité à température ambiante entre 25 et 45°)
- de la saponification à chaud (méthode traditionnelle si vous avez suivi). Les savons de Marseille et d’Alep utilisent couramment cette méthode. Ici la température monte à 100°, voire plus. Contrairement à la saponification à froid, cette méthode élimine la glycérine, ce qui rend le savon moins hydratant.
Et puis les industriels sont venus ajouter leur grain de sel.
Quand les géants s’emparent du marché du savon
La méthode industrielle de création de savon consiste simplement à utiliser des paillettes de savon, de les faire fondre, les colorer et les compresser. Ce qui, vous l’aurez compris, ne correspond pas à la définition même du savon. À la différence des savons saponifiés, ils ne sont pas de vrais savons car la plupart utilisent des SYNDETS (détergents synthétiques). Pour vous donner une idée, les sulfates font partie de la famille des SYNDETS.
Pourquoi ? Tout simplement parce que les SYNDETS sont bon marché. Et c’est ici que l’industrie a réussi son coût de maître : petit à petit elle a pris des parts de marché des vrais savons (alors que ça n’en est pas à proprement parler), mais pour se démarquer il lui fallait un argument de différenciation… Et c’est là que le “savon sans savon” a pris tout son sens (pour eux pas pour moi, vous vous en doutez).
Pourquoi un savon sans savon ?
L’argument de base part du postulat qu’un savon est irritant. Ce qui -en soit- n’est pas entièrement faux mais il y a plein de nuances à découvrir dont je vous ai déjà parlé en long, en large et en travers dans cet article que je vous remets par ici si vous souhaitez aller plus loin sur le sujet :
>>>>> Savon et shampoing solide le véritable impact de la cosmétique solide
En bref, le pH d’un savon est alcalin, ce qui ne correspond pas du tout au pH de notre peau (environ 5,5) et crée donc un déséquilibre. Et c’est pour cette raison qu’un savon solide n’est pas adapté aux peaux sensibles, sèches ou même grasses d’ailleurs.
À nouveau si le sujet du pH vous intéresse je vous laisse avec ce superbe article, qui vous fera découvrir -entre autre- qu’un pH neutre (donc de 7), au final, ne correspond pas au pH de notre peau.
Un savon sans savon est moins irritant ?
C’est faux. Même si un savon n’est pas la méthode la moins irritante qui existe pour se laver, elle n’est pas non plus la pire. Et c’est là où cette allégation “sans savon” perd tout son sens. Un savon sans savon peut contenir par exemple des sulfates, des Sodium Cocoyl Isethionate (SCI interdits en cosmétique bio labellisés, attention beaucoup de marques usant du greenwashing usent de cet ingrédient polluant).
Le consommateur se retrouve alors perdu car l’objectif premier du consommateur quand il achète un savon sans savon c’est bien d’avoir un produit moins irritant.
Je vous ai parlé du sulfate présent dans ces savons sans savon. Les sulfates deviennent irritant à partir de 0,5%, dans un shampoing ou un gel douche liquide, or ils sont souvent présents à hauteur de 20%. Dans les savons solides, on arrive à des pourcentages atteignant 75%. Il paraît alors bien ironique de prendre un savon sans savon.
Nos gels douche et shampoing sont conçus avec les tensioactifs les plus doux qui existent et testés dermatologiquement par un panel constitué de 100% de peaux sensibles.
Bio • Sans perturbateurs endocriniens • Sans huiles essentielles • Sans parfum • Compatible grossesse & allaitement
Et pour le Sodium Cocoyl Isethionate ?
Les savons sans savon à base de Sodium Cocoyl Isethionate
Je vous disais que le Sodium Cocoyl Isethionate (SCI) était interdit en label bio.
Pourquoi ? Parce qu’on l’obtient grâce à une réaction d’éthoxylation. Voici les raisons de l’interdiction en label bio du SCI :
- Une contamination au Sodium Cocoyl Isethionate au 1,4-dioxane est possible. Et le 1,4- dioxane est soupçonné cancérigène
- Ce procédé de fabrication est très polluant pour l’environnement
- L’oxyde d’éthylène utilisé pour sa fabrication est une substance très toxique et cancérigène qui met à mal la santé des travailleurs et fabricants
Vous l’aurez compris, le SCI est loin d’être un enfant de chœur. Je vais sans doute finir de vous convaincre avec la suite.
Le Sodium Cocoyl Isethionate est plus irritant qu’un savon
Eh oui ! C’est du moins ce qu’a démontré une étude menée en 2013. Le Sodium Cocoyl Isethionate est irritant à partir de 2,9%, ce qui -si vous vous rappelez- est moins irritant que le sulfate (0,5%) mais beaucoup plus irritant que certains tensioactifs à base de sucre (40%). Étant donné que la quantité de SCI dépasse souvent les 50% pour un savon, le potentiel irritant de votre savon est tout de même… bien solide 😉 !
Autre fait intéressant de l’étude : sur la première utilisation, le savon saponifié était plus irritant que le SCI mais sur la longueur le SCI se montrait plus irritant que le savon.
En détail : pour une seule utilisation, les tests ont montré cet ordre (dans l’ordre du plus irritant au moins irritant) : Savon saponifié > Sulfate > sodium cocoyl isethionate (SCI)
Pour une utilisation régulière, voici l’ordre qui est apparu :
Sulfates > Sodium Cocoyl Isethionate (SCI) > Savon saponifié
Conclusion : si vous aimez les savons, optez pour un savon saponifié à froid (c’est mieux car ils sont plus hydratant que ceux à chaud), labellisé bio, avec des graisses végétales et non animales. Ils feront moins de mal à votre peau que les fameux “savon sans savon”.
Les “savons” vraiment adaptés aux peaux sensibles
Vous l’aurez compris à la lecture de l’étude ci-dessus. Mieux vaut un savon qu’un savon sans savon mais si on a la peau VRAIMENT sensible, mieux vaut oublier la cosmétique solide et s’orienter vers les tensioactifs les plus doux qui existent. Le mieux ? Ceux à base de sucre ou encore les glutamates qui possèdent même des propriétés hydratantes ! Si vous souhaitez en savoir plus sur tous les bienfaits des glutamates, je vous laisse avec ma petite vidéo ci-dessous.
Un gel douche pour les peaux sensibles
Voici ma petite liste des pré-requis si vous avez la peau sensible :
- Fuir les sulfates (attention, certains restent autorisés en cosmétique bio labellisés)
- Éviter aussi les bétaïnes (aussi présentes en bio, elles sont très irritantes et leur fabrication est très polluante pour l’environnement)
- Privilégier les tensioactifs comme les glucosides et les glutamates
- Éviter les shampoings et gels douche avec l’ingrédient “parfum” ou “arôme”
- Éviter les silicones et les quats qui laissent une pellicules permanente sur la peau et le cuir chevelu et les empêche de respirer
- Porter une attention particulière aux ingrédients qui apaisent la peau (beurre de karité, aloe vera, dattier du désert…)
Bien sûr, nos produits de douche répondent parfaitement à toutes ces exigences et bien d’autres puisqu’ils sont les tout premiers à être certifiés sans perturbateurs endocriniens !
Découvrez nos produits d’hygiène sans perturbateurs endocriniens et testés sur un panel de peaux sensibles uniquement !
Bio • Sans perturbateurs endocriniens • Sans huiles essentielles • Sans parfum • Compatible grossesse & allaitement
SOURCES :
- Amended Safety Assessment of Isethionate Salts as Used in Cosmetics, October 4, 2013, Cosmetic ingredient Review
- Ananthapadmanabhan KP, Moore DJ, Subramanyan K, Misra M, Meyer F. Cleansing without compromise: the impact of cleansers on the skin barrier and the technology of mild cleansing. Dermatol Ther. 2004
- Qu’est-ce que le SCI ? Zoom sur le tensioactif au cœur du greenwashing des cosmétiques lavants solides, 15 nov. 2022
- Soap and syndets differences and analogies, sources of great confusion, November 2020European Review for Medical and Pharmacological Sciences
Auteure : Yoko
Yoko défend l’écologie, le bio et la biodiversité depuis de nombreuses années. Fatiguée de décrypter des listes d’ingrédients, de voir que le marketing surpasse bien trop souvent la législation ou la sécurité du consommateur. Yoko est habitée par une volonté de fer de changer les choses en commençant par ce qu’elle sait faire de mieux : la cosmétique bio de demain.
📖 Découvrez son livre : Vivre sans perturbateurs endocriniens – le guide ultime pour une vie saine